https://www.youtube.com/watch?v=8yI9ljxfQGI

Comment avez-vous pu passer à côté de Marguerite Stern aussi longtemps ? Voilà la question angoissante qui vous saisira d’effroi quand vous aurez entendu l’appel à l’aide déchirant de cette ex-militante des Femen, reconvertie dans le tag-à-message.

"Elle le quitte, il la tue" : Collage féministe de rue dénonçant le féminicide
« Elle le quitte, il la tue » : Collage dénonçant le féminicide

Faites entrez l’accusée

Survêtement violet, cheveux vert fluo tombant légèrement sur les épaules, rouge à lèvre outrancier, Marguerite Stern est comme un Joker échappé de Gotham City pour venir semer un peu plus de trouble dans ce chaos urbain qu’est devenu Paris.

Préquelle

Marguerite Stern a fait ses classes de militante à Paris chez les Femens, ce « collectif » de femmes créé initialement en Ukraine (par…un homme, Viktor Sviatski) et dont les faits d’armes consistent à perturber des cérémonies officielles en faisant surgir des militantes « femmes sandwich », le message inscrit à même leur torse dénudée. Soit le paroxysme de la femme objet. Chez les Femens, l’insulte au bon goût le dispute à l’insulte à la logique.

Marguerite Stern a ensuite regroupé autour d’elle un « collectif » de femmes autour de la thématique du graffiti à thème. « à thème » au singulier car elles n’ont qu’un seul thème : le féminicide. Son podcast « Héroïnes de la rue » et le livre éponyme lui servent de caution intellectuelle. Son ouvrage, classé actuellement 14353ème des ventes de livres d’Amazon France, devance celui d’Alice Coffin, classé 15919ème.

Exposé des faits

Twitter ou l’agora 2.0

Dans un « Thread » (comme disent les Barbares), la pudique Marguerite, dans un sursaut salvateur, consent à lever le voile sur sa vie personnelle :  cela fait un an qu’elle s’est retrouvée piégée sous l’emprise d’un pervers narcissique. Ou deux.

« Là où j’habite » vs « Chez moie »

Accrochez-vous. L’éloge foucaldien de la folie n’aurait pas même pu anticiper les méandres logiques qu’il vous faudra emprunter

  • Marguerite vit dans des squat. Elle n’a donc pas un « chez elle » mais un « endroit où elle habite » ;
  • Marguerite est une femme. Elle n’a donc pas un « moi » (ni un Moix) mais un « moie ». Mais apparemment pas de surmoi.e. Le reste est à l’avenant : « en privée », « elle y a », etc.

La théorie des signaux faibles

Marguerite était amoureuse et l’amour rend aveugle. Aussi, quand son « mec » enchaîne les remarques sexistes, Marguerite ne voit rien venir. Même si rétrospectivement, quelques signaux auraient pu l’alerter, comme :

  • Une promesse : « Je vais te casser le cul dans les douches » ;
  • Une désertion, un jour où il lui avait promis son aide pour un déménagement.
Comme Marguerite, Gilbert n’a rien vu venir.

Citizen K.

Dans un moment de faiblesse, Marguerite trouve de l’aide auprès de K. : ce dernier – ouvreur de squat de son état – « ouvre » un nouveau squat pour Marguerite, son « mec » et leur collectif. Comme tout travail mérite salaire, K. se rétribuera auprès de Marguerite en « intimidations, manipulations, harcèlement, agression sexuelle ». Carré d’as.

Mon corps m’appartient.

Quand Marguerite tombe enceinte, elle se fait avorter. C’est son corps, elle fait ce qu’elle veut. Elle saigne, elle pleure. Il ignore sang et sanglots : après tout, « c’est son corps » – à elle -, pas le sien – à lui.

Sisyphe heureus.e ou Femme révolté.e ?

Marguerite est privée de sommeil par son mec, elle se voit assignée les tâches ménagères. Pendant un an.

Son mec sait rabaisser son « ego.e » (ou « estime de soi.e » ?). Les tentatives de révolte de Marguerite sont sanctionnées de réponses laconiques : « tarée », « malade ».

Citation d'Albert Camus dans "Le mythe de Sisyphe :
"La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d'homme ; il faut imaginer Sisyphe heureux."

Particule élémentaire

Marguerite n’en peut plus. Elle voudrait créer, peindre, faire des podcasts, militer. Mais Marguerite est seule. Elle a fuit le climat incestueux de sa famille. Vers qui se tourner ? Partir mais où ?

"Les particules élémentaires" : Livre de Michel Houellebecq, paru en 1998.
« Les particules élémentaires » de Michel Houellebecq (1998)

T’aurais pas un appart’ et un mars ?

Fuir. Fuir vite. Mais fuir où ? Marguerite n’a nulle part où aller. Marguerite et ses amies, ses sœurs n’ont pas les compétences ‘ouverture de squat dans un immeuble vide’.

« Si voues avez des amis riches […] contactez moie »

Marguerite Stern (squatteuse, podcasteuse, plasticienne féministe)

Rayez la mention inutile

Bonus : Convergence des luttes

Aya Nakamura Présidente de la France, nommerait-elle Marguerite Stern dans son gouvernement ?

Collage en hommage à Aya Nakamura posé par la féministe Marguerite Stern à Marseille
Collage en hommage à Aya Nakamura posé par Marguerite Stern à Marseille – Source : « Autour de Paris »

Pour aller plus loin

Si cet article vous a intéressé, et surtout s’il vous a intéressée, pensez-bien à une chose : le meilleur moyen de se sortir des mauvaises situations, c’est de ne pas se mettre dans une mauvaise situation.


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