Fini l’épisode précédent. Il est 7h34.
Debout.
Lecture.
Vendredi : aime ta prochaine comme toi-même, ou l’incompatibilité de la séduction et de la misogynie
Inondation. Le quatorzième chef d’œuvre du téléphone cellulaire. Vous avez deviné, il est 7h34. Lever, eau qui bout, filtre à thé, la routine, quoi. Une routine un peu pâteuse, certes (j’ai tout de même pas mal bu, hier) mais la routine quand même. Je fais mentalement un bilan de l’orientation que je veux donner – non, que je donne – à ma vie ces jours-ci. J’ai rencontré un timide, un faux naturel, un confident et un battu d’avance. J’ai éliminé pas mal de fausses pistes, j’ai le sentiment de commencer à me hisser au dessus de l’erreur dans laquelle vivent des millions de mes congénères. J’entrevois à présent une nouvelle piste d’exploration : certains, un peu plus âgés et étant « tombés » célibataires plus tôt que moi, ont dû prendre de l’avance dans cette réflexion. Ce soir, j’appellerai Stéphane, qui va peut-être me faire gagner quelques années.
Ça fait peur d’aborder une inconnue
Le soir arrive, donc, qui est aussi le moment où je rentre chez moi en métro. Il faut bien reconnaître qu’il n’y a pas que les moches qui prennent les transports en commun. Elle, par exemple, est vraiment divine. Foin de théories, je veux aborder. Hier soir, je l’ai bien fait. Bon, la situation était un poil différente… Et mon niveau d’alcool aussi, à la réflexion. Là, ça me fait une drôle de sensation. Je ne sais pas vraiment ce qui me retient. Une sorte d’abattement. Non, une absence totale d’énergie. Mes mouvements ne se déclenchent pas. Bon, je vais attendre une ou deux stations pour me recentrer, et imaginer la scène.
Allez, encore une station.
C’est tout de même stupide, cette histoire. Je descends à la prochaine, nom d’un chien ! Faudrait y aller, non ?
Voilà, je descends, flûte. Ah, tiens, elle aussi. A ma station. On est peut-être voisins. Bien, perdu pour perdu, je lance un truc. Hop, on marche un brin plus vite, on la rattrape. « Bonjour » (j’ai la voix de Daffy Duck, moi ? Il doit y avoir de l’hélium dans ces couloirs, je ne vois pas d’autre explication.)
Elle semble à peine étonnée, plutôt vaguement amusée. « Bonjour ! », me répond-elle avec son sourire si charmant qui fais s’envoler les anges et qui… Enfin, bref, recentrons-nous. Je lui rend son sourire (je me sens un peu niais, une illusion sans doute), et je reste cohérent. Je garde un pas plus rapide qu’elle, et dès que j’atteins les escaliers, hop, quatre à quatre en courant.
Et la queue entre les jambes.
Heureusement qu’on ne s’était pas arrêté de marcher, je n’aurais rien eu à lui dire. Je rentre chez moi, dans un état mélangé. Du coup, je contacte Stéphane, comme je le prévoyais ce matin. Ça devient impératif. Je ne peux tout de même pas être condamné à ne rencontrer des filles que lorsque ma cousine déménage.
La discussion aimable se déroule, je l’amène aisément vers le terrain désiré. Il a bien changé. Lui qui était un si gentil garçon avec les demoiselles, il y a… Ouh là… Quelques années tout de même. Le temps n’arrange pas toujours tout, visiblement. Ses avis sont si lapidaires, il énonce des lois si simples et si absolues que son discours en devient obscur. On n’arrive plus à séparer le sensé de son aigreur s’exprimant via une rhétorique puissante et impeccable. Cela fait longtemps qu’il rôde son système de pensée et ses arguments, apparemment.
En filigrane, malgré tout, on devine le cheminement du bonhomme. Il hait les gens qui réussissent avec les filles. Du coup, ce sont tous des connards. Puis il hait les femmes de n’aimer que lesdits connards. Et il devient misogyne de par sa frustration. Il se fustige d’avoir été trop gentil.
Il ne pêche à présent plus de ce côté là. Le gentil couillon est mort. Mais il est toujours aussi frustré (voir plus, même, dirais-je.)
Aime les femmes pour qu’elles puissent te le rendre
Je comprends alors que le séducteur ne peut être intégralement misogyne, quel que soit le rapport plus ou moins complexe, plus ou moins évident, plus ou moins historique qu’il entretien avec les femmes. Je réalise qu’il s’agit là de trouver l’équilibre qui donne au gentil garçon cette juste misogynie qui lui permet de descendre la femme de son piédestal et au misogyne cette gentillesse qui le laisse humain dans sa manière de vivre ses relations.
Je pars me coucher, et ce vendredi verra ma visite du monde d’Onan avant mon installation dans celui de Morphée. J’espère que demain samedi sera une bonne journée.
Matt
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salut!! je pense que la séduction est un arme primordial de nos jours, donc il faut savoir les technique de draguer pour pas continuer a être loser.