Mauvaise nouvelle : en amour, comme en amitié, la femme de votre vie n’existe pas. En revanche, on peut éprouver un sentiment de perte incessant, irréparable, et ce sentiment peut vous faire errer à tâtons dans le noir durant toute une vie. Des vieilles dames qui vous parlent encore d’un amour à 17 ans, ou des hommes qui rabâchent et s’accrochent à une même idée depuis 40 ans, tous ont pour point commun d’avoir joués à la moule s’accrochant à un rocher, de s’être montrer paresseux et faibles à tel point qu’ils prennent pour indépassable leur confort mélancolique, amoureux, ou intellectuel…
Votre moitié n’existe pas
Pas besoin d’être un amoureux déçu pour succomber, au quotidien, à ce sentiment de perdre le paradis sous prétexte qu’une fille n’est pas disponible, et se refuse poliment à inscrire 10 nouveaux chiffres à votre répertoire.
Messieurs, nous sommes des animaux visuels. Concrètement, nous pouvons tisser des voyages et des parfums à la simple vue d’une crinière, et nos meilleurs poètes l’ont abondemment prouvé . Pour lutter face à ces penchants honorables mais castrateurs, il faut commencer par accepter le réel, à avoir foi dans la vie , la rencontre, le possible.
Accepter d’abord la vérité, donc. C’est à dire être plus ou moins être un homme, et pas simplement un chromosome Y capable de soulever 100 kilos au développé couché. Un dénommé Lacan a eu quelques mots un peu durs sur le sujet, et au combien incompris: La femme n’existe pas. Le rapport sexuel est impossible.
Oups. Aie. Qu’est ce que ce charabia post moderne ? Simple et difficile: personne ne vous sortira de vous mêmes, il n’y a pas de grande réconciliation avec une quelconque moitié Platonicienne, que cela soit avec une femme d’un soir, d’une semaine, ou après 10 ans à se brosser les dents ensemble. Aucune femme ne vous allégera le poids de vivre, ne vous allégera d’être vous et ce que vous faîtes de votre vie.
Une compagne se doit d’être au mieux un compagnon de route, aimée, chérie, oui, mais jamais un horizon indépassable; un horizon tout court.
Pire, c’est le jour où elle deviendra l’oméga de votre vie, où vous lui donnerez tout sans qu’elle ne le mérite, qu’elle sortira de là votre, avec plus ou moins le temps préalable à sa reconstruction (une relation longue ne quitte jamais à l’instant T ou vous devenez un meuble; Il y a tant de choses que nous jetterions si nous ne craignions pas que d’autres les ramassent comme disait Wilde ).
L’ivresse du nombre
J’ai pu remarquer, en écoutant inlassablement des hommes et des femmes s’épancher sur leur vie amoureuse, que les éternels déçus sont souvent des éternels avares. Ils partent du postulat qu’ils méritent de faire des rencontres dignes de ce nom, et se complaisent à rester chez eux. Ils ne sortent que très rarement seuls, et encore est ce pour accomplir des tâches essentielles: aller au travail, faire les courses etc…
La chance se gagne. Le hasard se provoque.
Je hais l’hiver, parce que c’est la saison du confort – disait Rimbaud qui n’a pas rencontré Verlaine en restant planqué dans sa chambre d’hôtel, mais très probablement dans certains cafés, où il a plu à des gens qui lui plaisaient, pour finir quelques temps à l’hôtel des Etrangers, un repère de poètes, où il a rencontré des personne qui l’intéressaient.
Une de perdues dix de retrouvées, veut le proverbe. Il serait bon de le changer en Une de perdue , plus d’une dizaine à rencontrer. Mais il serait encore faux, puisqu’on n’attend pas d’être célibataire pour faire des rencontres, n’est ce pas ?
Muray : « il n’y a pas de femme idéale, mais des foules de femmes, en revanche, et une ivresse de les savoir nombreuses »
L’ivresse n’exclut pas le discernement
Nous arrivons au nerf de la guerre. Vous savez que votre moitié n’existe pas, qu’il y a plus de trois milliards de femme une fois passé la porte de chez vous. Si c’est entraînant, l’ivresse peut aussi vous conduire à la solitude tels ces éternels dragueurs de boîtes.
Il va falloir faire preuve de discernement, comme dit Stéphane. Concrètement il va falloir discriminer ; c’est à dire séparer, choisir, pré-sélectionner, bien avant qu’il ne devienne ce vilain mot à connotation raciste. Installez vous au calme, repensez aux plus belles de vos rencontres de cette dernière année. Regardez ce qui rapproche ces personnes, en quoi, dès les premiers mots, regards, vous avez senti que vous alliez pouvoir flâner 3 heures avec lui ou elle sans un seul blanc. Vous verrez qu’il ne s’agit pas d’opinions communes. Que l’on peut être d’accord sur tout, et n’avoir rien à se dire; souvent en amitié, encore plus en amour.
Les femmes que j’ai aimées partageaient rarement mes opinions sur un tas de sujet; en revanche, elles avaient le même système de valeurs, des intérêts en communs, et quelques traits de caractères : légèreté, politesse, curiosité etc… Proust a un mot magnifique là dessus, sur ce qui rapproche deux personnes: il parle de consanguinité d’esprit.
Vers un dernier premier rendez-vous
Via le forum, j’ai pu rencontrer quelques personnes : elles n’avaient ni mon âge, ni mes goûts en littérature, ni mes origines, mais la perspective de devoir rester enfermer 10 minutes avec elles dans un ascenseur ne me semblerait pas insurmontable ( à l’inverse de l’intégralité de mes profs d’histoires géo, par exemple ).
Sélectionnez les lieux, les activités, les occupations qui vous définissent. Ne trichez pas, ne faîtes semblant en rien. Sortez, mettez votre peau sur la table. Donnez sans compter, quand bien même vous ne recevriez pas à votre juste valeur. Bizarrement, à vos premiers rendez vous, il ne vous viendra plus à l’idée d’en rajouter, de donner de l’importance à des choses qui sont pour vous dérisoires, ou à camoufler certains pans de votre personnalité. Vous ne vous demanderez plus comment réaliser des démonstrations de valeurs finement : vous vous dévoilerez finement, et si vous avez discriminé intelligemment, il vous suffira de parler de vous avec tact pour démontrer de la valeur.
Si à votre prochain anniversaire vous ne recevez que des messages de personnes vieilles de 5 ans dans votre répertoire, si vous vous endormez en pensant toujours à la même fille que vous n’avez pas revue depuis 6 mois, vous saurez à qui en vouloir: à vous, et à personne d’autre.
Rose
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Devoir rester enfermé*
:-).. Salut Stéphane ! Merci pour la précision..
En vérité, je disais cela en pensant beaucoup plus à l’article qu’à son auteur. (N’empêche que j’aurais aimé que cette réflexion vienne d’une femme.. :-))
@Linax : ce que vous ne diriez pas, quand même… tant que vous ignorez que l’auteur est un garçon ;))))
Alors, toujours amoureux de Rose ?
Quelle belle contribution !! C’est à en tomber amoureux !!…
Merci à tous.
@Poliakov: rien compris à ton commentaire, mise à part ton pseudo.
un article avec plein de vérités
Musset disait « pour écrire l’histoire de sa vie, il faut d’abord avoir vécu », de même pour votre site, riche d’enseignement, à condition d’y mettre sa propre expérience en perspective. Voila pour tempérer mon dernier commentaire et reconnaitre le mérite de cet article, en particulier son dernier paragraphe.
L’homme est un animal essentiellement visuel comme disait Jankelevitch n’est ce pas? et Luchini d’ajouter c’est pourquoi les femmes sont belles. J’ai écumé les églises à la sortie des bars : dieu? connais pas ! Rimbaud par coeur ! je regrette aussi l’europe aux anciens parapets et la flache noir et humide! et Aristo^hane. Et Tournier qui parle d’amour à sa bergère. Le cinisme est un leurre l’amour impossible et rien n’est grave parait il? Et si la vie etait un songe et si l’amour etait le reve alors alors… mais qu’importe! Ennivrez vous comme disait l’autre. je prefere aimé et souffrir avec ma complaisance litteraire que ces lieux commun proférés sans verves.
« The fault, dear Brutus is not in our stars, / But in ourselves, that we are underlings » (Shakespeare, « Julius Caesar »)
Merci, cela signifie beaucoup pour moi.
« Une compagne se doit d’être au mieux un compagnon de route, aimée, chérie, oui, mais jamais un horizon indépassable; un horizon tout court. » R-S.
Une phrase à retenir pour une vie entière.
Celui qui sombre dans l’obsession devra toujours se rappeler qu’une femme n’est qu’une compagne de route. Personne ne va venir nous sauver de nous-même disait Luchini.
Merci Rose pour cet article de qualité.
La citation d’Oscar Wilde est la cerise sur ce gateau d’article: un régal!
excellent, merci.
Très bel article Rose, félicitations ! Rien à redire…