« Arrêtez, Dom Juan » (V, 2), intime le Commandeur au terme de la pièce de Molière. Mais Dom Juan ne s’arrête jamais : il vole. De ville en ville, de femme en femme, d’instants en instants. Dom Juan caracole de conquête en conquête – qui toutes s’équivalent, comme le dit aussi le catalogue de Don Giovanni. A la différence de Dom Juan, Casanova noue à chaque fois une relation amoureuse singulière. Qui naît. Qui se développe. Et qui se défait. Ces deux figures emblématiques de la séduction amoureuse incarnent donc deux modes de relation aux femmes, à l’amour et au temps. Dom Juan ne séduit pas, il trompe ou il viole (Tirso de Molina). Et Dom Juan ne rompt pas, il fuit.
Si Dom Juan ne rompt pas, c’est que, pris dans une perpétuelle fuite en avant, il ne s’engage jamais. Pas plus dans la relation que dans la rupture. Or la rupture est un moment de la relation. La rupture amoureuse n’est qu’en apparence la fin d’une relation. Il conviendrait plutôt de l’envisager, en forçant le trait, comme un temps, plein et entier, de la relation – même si elle y met un terme. Elle est la parenthèse qui referme la relation, et non son point final. Vous ne savez pas ce que l’avenir vous réserve.
Si elle est un temps de la relation, alors la rupture mérite que vous vous y attardiez. Ne vous en exonérez pas sous le prétexte que le temps de la liaison est révolu et que vous êtes déjà passé à autre chose. Vous avez consacré du temps et de l’énergie à la séduire, consacrez-en aussi à vous en séparer.
Rupture : mode d’emploi
La rupture ne doit pas être une déchirure, risque que le mot indique pourtant puisqu’il désigne, en médecine, la déchirure d’un organe qui n’est pas produite par un instrument tranchant. Rompez donc franchement, mais pas brutalement. Comment ?
On ne rompt pas ni par texto, ni par mail, ni par téléphone, ni par lettre. On rompt en face. Pourquoi ? Si les amours virtuelles n’existent pas, les ruptures virtuelles n’existent pas plus. L’amour est un corps à corps – âme à âme. La rupture aussi. Elle n’a de réalité que si elle est vécue réellement, physiquement.
Accessoirement, la rupture frontale permet d’éviter le syndrome Louis XIV : ce n’est pas le roi qui a failli, ce sont ses ministres qui sont incompétents (Fénelon). Ce n’est pas lui qui veut rompre, il est sous l’influence maligne de mauvais conseillers.
Ne culpabilisez pas
Rompre n’est pas chose aisée. Ne reportez donc pas, par facilité, la responsabilité de la rupture sur l’autre. Vous avez décidé de rompre, assumez. Ne la culpabilisez donc pas, elle. Pas de mauvaises excuses, c’est-à-dire de reproches : « t’es trop ceci », « t’es pas assez cela », etc.
Ne culpabilisez pas, vous. Qu’est-ce qu’une relation, si ce n’est le désir réciproque d’être ensemble ? Que ce désir disparaisse chez l’un, alors la relation n’existe plus de facto. Vous n’avez donc pas à vous justifier. Et ne cédez pas non plus à la tentation de vous expliquer – en fait, de vous justifier.
Surtout si on vous demande des comptes. Le pire est d’expliquer la rupture. S’il y a toujours une – ou plusieurs – causes à la rupture, il n’y a jamais de bonne explication à une rupture.Pourquoi ?
Parce que, de votre côté, les raisons profondes qui vous font rompre vous sont insues. Parce que, de l’autre côté, les raisons que vous donnerez ne seront jamais entendues comme telles. En effet, la rupture va réveiller le souvenir d’autres ruptures, ainsi que celui des séparations que l’enfant qui sommeille en tout homme a connues, et surmontées avec plus ou moins de bonheur. En ce sens, si la rupture est un coup de tonnerre, ses échos ne vont pas en s’assourdissant, mais en s’amplifiant.
Que dire alors ?
Ne parlez que de ce qui a fait la relation, et qui n’est plus : le sentiment et/ou le désir. Dites que vous n’aimez pas, ou plus. Dites que vous n’éprouvez plus le désir d’être ensemble. Tout le reste est inutile.
N’oubliez pas, enfin, que la rupture est un bienfait, d’une certaine manière. Priver quelqu’un d’une rupture franche, c’est le condamner à rester prisonnier de ce qui n’existe pourtant plus.
Après l’orage…
Si celle avec qui vous avez rompu veut vous revoir, ne la revoyez pas. Pas pour l’instant en tout cas. Une rupture suppose une séparation, de corps et d’esprit, qui ne peut se faire si vous vous revoyez sans cesse. Faut-il préciser une durée ? Alors six mois semblent raisonnables – le temps de l’absence de Perséphone.
Vous avez rompu. Ne vous précipitez pas dans une autre relation. Vous avez joui du temps de la conquête, prenez le temps de goûter celui de la rupture, les émotions et les réflexions qu’elle met au jour.
Vous avez rompu. Vous êtes content. Mais vous êtes, aussi, déprimé. Si ce n’est pas le cas, inquiétez-vous. Si la relation a été réelle, il y a eu identification, pour partie, à l’autre. Rompre avec l’autre, c’est aussi se séparer d’une partie de ce qu’on a été. Vous êtes déprimé, alors ? Parfait. La mélancolie est propice à la réflexion et au travail – intellectuel ou artistique. Profitez-en, et cultivez votre jardin.
Ch
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J’ai bien compris que la lettre de Tantra n’était pas destinée à être envoyée, mais est-ce vraiment sa place dans cet article qui explique comment rompre ? Je trouve ces propos extrêmement malsains, et malsaine aussi cette utilisation d’un langage « élevé » pour détruire l’autre, qui culmine par ce « affectueusement » abject.
Un des meilleurs articles que j’ai lu. Merci
tres bon article.moi je me suit fait larger sur ma boite vocale.pis sa faisse dans face.le lendemain elle reprenait avec un de ses ex, ha ha un futur ex,ex.
NON mais etre honete sait pas sorcier.
j’ai rompu avec mon ex , marié, liaison de dix ans! et il a à nouveau une double vie….avec qq’une de « facile » je me sens humiliée, éclaboussée …la légitime est au courant de ses frasques depuis le début –plusieurs maitresses– mon égo trinque….et je déprime moi je ne l’ai ,pas remplacé –1an et demi– comment m’en sortir ???
Trop simple ton article…et la tendresse alors? Dire à quelqu’un que c’est fini en face c’est bien,. Lui dire la raison c’est c’est humain et loyal …parce que la raison existe bel et bien…Et si on ne sait pas exprimer le pourquoi….on le dit simplement et l’autre comprendra toujours très bien, son problème étant ensuite de trier les infos pour justement « se faire une raison », avancer et surmonter l’échec..Alors cet article est plutôt culte de l’attitude lâche. De plus on peu très bien rompre et rester proches, un peu comme un ex fumeur supporte ensuite la cigarette sans en prendre une bouffée. » on ne demande pas du lait à un bouc » Le problème pour celui qui est délaissé est de se rendre compte que l’autre pour cette relation est devenu bouc. On peu l’aider, il dormira mieux.
Article parfait, j’étais sur le point de poster une question à ce sujet sur le forum.
Je trouve qu’on insiste trop sur la séduction, et que personne ne parle de la fin, comme si c’était tabou. On peut faire énormément de dégâts si on ne gère pas cela correctement, c’est une question de respect…
Best Of ?
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Bon article (notamment la fin sur la mélancolie je trouve).
Néanmoins, en cas de rupture, personne n’échappera a cette question : « pourquoi »
Dire que l’on aime plus et puis c’est tout, sincèrement, c’est plus que limite, presque un manque de respect à mon avis. Bien sur, si on s’engage dans cette voix, on court de risque de palabrer beaucoup de temps, mais notamment après une longue relation, le « parce que je ne t’aime plus » n’est pas assez.
Concernant le deuil, je suis à 100% d’accord. J’ai enchainé les longues (5 ans par ex) et les petites histoires pendant les 8 dernières années de ma vie, et ne pas faire le deuil de mes prétendantes histoires à souvent pourri les suivantes…
Gentlemen
Je ne résiste pas à vous laisser une lettre que j’avais écrite pour moi même afin de purger mon esprit de l’agressivité qui aurait pu m’envahir lors d’une rupture qui, je vous l’avoue, m’en a sérieusement couté. Ce fut donc apaisé et sans ressentiment aucun que je pu par la suite mettre un terme à cette relation « One Itis », bien qu’alors je ne connaissait ni le terme ni le concept.
Bonne lecture.
« Chère M-L
Il fallait que cela arrive un jour : c’est aujourd’hui. Jusqu’alors tu avais été plutôt favorablement représentée dans mon esprit, aujourd’hui, consommé ton charme, ternie ta beauté et oserais-je le dire quelque peu surfaite ta qualité d’esprit.
Tout est une question de référence, j’avais essayé de t’enseigner des rudiments de relativité mais j’ai échoué par manque d’esprit de ta part. Ce dernier coup marque le trépas de notre ébauche de relation. Ton apathie sensuelle avait déjà fait résonner le gong de la retraite, et ce malgré tes maladroites évocations d’exclusives faveurs au relent de fantasmes inassouvis.
Il aurait été éventuellement possible d’amnistier cette vulgarité d’âme, de la mettre au compte d’un manque de maturité de la part d’une jeune femme en quête de reconnaissance, mais, la façon dont tu mets en avant ces carences proscrit toute évolution salutaire.
Evidement, j’attends ta défense consistant à insinuer une quelconque blessure à mon orgueil, justifiant ces quelques lignes et donc également un attrait passé pour ta personne. Je me vois dans l’obligation morale de te désillusionner sur ce fait. Je laisse toujours le « bénéfice du doute » à mes rencontres fortuites, et accepte les divergences. C’est dans ce cadre là que je t’ai écouté, observé reproduire ton ego étroit dans ses frasques de séduction, j’ai même accepté avec le sourire ce que tu croyais être des traits d’esprit. Si la compassion et l’ouverture d’esprit sont des qualités, l’hypocrisie n’en est pas une et je m’en voudrai de tomber dans son piège. Déclinant ses tentations d’apaisements fictifs, je préfère rompre, un peu sèchement je te l’accorde, mais la sincérité est si précieuse aujourd’hui qu’il serait outrageux de l’altérer. Je serais dont direct et honnête : tu ne m’as malheureusement procuré aucun effet susceptible de susciter une quelconque envie de ta personne. Certains instants étaient pourtant propices à l’émoi des sens, tels par exemple que le glissement impromptu de ton maillot découvrant ton sein, mais aucun désir n’en est né. J’en suis sans doute autant contrit que toi, il est toujours si agréable de ressentir cet enflammement du corps et de l’esprit.
C’est donc sans regret qu’il faut nous quitter, nos dissemblances creusant un abîme infranchissable à une relation saine.
Au-revoir Marie Laure, peut être aurons-nous l’occasion de nous revoir en d’autres temps et d’autres lieux.
Affectueusement «
L’article est un des meilleurs qui m’est été donné de lire. Bravo.
Qui est le mystérieux ch?
Très bel article.
Tu as eu raison d’insister sur la notion du deuil dans la rupture, cette étape est essentielle pour construire une nouvelle histoire.
J’ajouterai seulement un point qui me semble fondamental dans une rupture : éviter les aveux de dernière minute, soit vous libérer sa conscience, soit pour se venger du genre :
« je t’ai trompé à maintes reprises » ou « çà fait très longtemps que je n’aime plus » ou « je t’ai menti quand… » etc, etc…
Chaque humain peut être maladroit mais pas irrespectueux
Cela s’applique bien sûr aussi bien pour les hommes que les femmes…
Merci pour ce très bel article.
Il est vrai que la tentation de rompre à distance est grande mais personne ne mérite cela.
Je vais tâcher aussi de voir la mélancolie différemment.
Merci beaucoup,
Je viens de vivre une rupture il y a quelques jours et je suis ravie de savoir que je l’ai mené comme il le fallait.
Ma mélancolie me ronge, mais je crois, après avoir lu ton essai, qu’elle me nettoie.
Merci beaucoup