Où François nous explique que, si le rêve de gosse de l’homme est de séduire une mannequin, l’objectif de l’homme mûr devrait être de rencontrer une danseuse.
« Les jambes des femmes sont des compas qui arpent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie. » Ainsi commence, le film de François Truffaut intitulé L’Homme qui aimait les femmes (1977).
À vrai dire, je ne me suis souvenu de cette citation, non pas comme on pourrait l’imaginer, c’est-à-dire assis sur un banc d’un jardin public à observer la marche des demoiselles dehors, mais dans un cinéma qui retransmettait le ballet Spartacus d’Aram Khatchatourian. Je ne parlerai pas de choc pour qualifier ce que j’ai ressenti alors mais plutôt d’une lente éruption intérieure avec ces moments où le cœur implose, cédant à toute la beauté qui se présente devant lui.
Les danseuses russes, qu’elles soient issues du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg ou de son frère ennemi le Théâtre Bolchoï de Moscou, sont les plus belles figures de la féminité qui puissent exister.
Rencontrer une danseuse revient souvent à rencontrer la grâce et la délicatesse, quand séduire une mannequin, c’est séduire le goût moyen de la société occidentale, c’est à dire embrasser le vulgaire à pleine bouche. Comme disait René Guénon, « Au lieu de chercher à s’élever à la vérité, prétend la faire descendre à son niveau ».
Séduire une mannequin vs un danseuse : pas du même monde
Ce qu’il y a de beau dans la danse classique, comme dans la séduction, c’est la légèreté, l’absence d’efforts (apparents).
Aucune lourdeur n’y est à déplorer, les danseuses planent littéralement sur la scène, elles semblent toujours plus souvent en l’air qu’au sol, vous faisant parfois perdre à l’esprit leur nature proprement humaine. Là est sans doute d’ailleurs le secret des femmes les plus désirables : vous faire croire qu’elles ne sont pas de ce monde et qu’il y a « autre chose ».
Dans cette ivresse spirituelle, l’homme finit par ne plus distinguer « la vie du rêve, ni de la mort, ni ce monde-ci des autres mondes » (Alexandre Block).
Tellement subjugué par ce premier ballet, je m’imaginais déjà dans les loges du Bolchoï en train de féliciter la prima ballerina, arborant fièrement mon uniforme blanc d’officier de la Garde impériale, le monocle visé sur l’œil. Ces petits cygnes vous font ainsi oublier qui elles sont, mais également qui vous êtes. Moment de pure folie collective il faut l’admettre, mais ô combien délicieux pour qui aime autant vivre ses rêves que rêver sa vie.
A vrai dire, ces femmes nées sous le signe de Terpsichore (Muse de la Danse) sont dignes du plus grand respect. La nature leur a donné un corps, elles en ont fait une œuvre d’art.
Le mannequin est, la danseuse crée
Contrairement aux mannequins qui peuvent se contenter de paraître, ces femmes sont véritablement. Par la danse, elles créent quelque chose de nouveau, quelque chose dont elles sont l’origine mais pas la fin.
Alors que séduire une mannequin renverra toujours à la propre image qu’elle a d’elle même – généralement déplorable -, une danseuse classique vous emmènera dans un ailleurs que ses « circumambulations » auront contribué à faire naître. Il y a de la générosité, donc de la grandeur, dans une telle conduite.
Cette offrande au monde, à la fois délicate et merveilleuse, est d’autant plus précieuse qu’elle émane d’une créature fragile. Dans un entre-deux perpétuel entre le ciel et la terre, la danseuse semble mue par une force étrangère. Elle a l’air de voler et tient à peine debout.
On croit qu’elle va s’écrouler mais elle se relève en bondissant, comme si la vie venait tout juste de se réveiller en criant « non, pas encore ! » Cette fragilité sublime, qu’un miracle vient sauver de la catastrophe à chaque fois que le besoin s’en fait sentir, demeure cependant un mystère pour nos yeux de profanes.
Et c’est là certainement la raison pour laquelle les hommes poursuivent avec autant de passion ces oiseaux de feu, réussissant seulement à en saisir une plume alors qu’ils voudraient les mettre en cage. Derrière cette obstination héroïque à s’approprier l’éternel réside sans doute la véritable profondeur de la vie.
Il y a ainsi dans le spectacle de la danse quelque chose qui ressemble à la poursuite d’une illusion, mais une « illusion féconde », comme « le pressentiment de ce qui est à travers ce qui n’est pas » (Paul Claudel).
François
Crédit photo : Berta
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Très bien mais… Ou trouver ces fameuses danseuses ? Comment séduire ces anges ?..
J’en étais déjà convaincu avant de lire l’article, le sous-titre « Le mannequin « est », la danseuse « crée » » est très belle car elle frappe en plein dans le mille.
@Basile: J’irais même plus loin: mannequin est un métier facile car on on peut le devenir en une seconde sans rien connaître du tout d’ailleurs, devenir danseuse est bien plus compliqué.
Après, il y a danseuse et danseuse. Je veux dire par là que tout ce qui est strip-tease, pole dance, effeuillage ou autre bootyshaking même si cela demande un certain effort, la valeur de tout cela aussi basse que la mannequin.
Une belle réflexion. On trouve souvent l’inspiration au contact de la beauté, de la grâce. J’ai assisté plusieurs fois à la troupe du Bolchoi, c’est toujours un enchantement.
La comparaison est intéressante avec la mannequin : beauté statique Vs. beauté exprimée, allure lugubre Vs. allure enjouée et chaleureuse, anorexie et addiction Vs. sportive de haut niveau, enfin, mannequin comme job par défaut, parce qu’un beau jour on s’est réveillé avec 1m78 et 59kg Vs. un rêve de toute une vie.
Les nombreux sacrifices, la dévotion, la rigueur, la souffrance.. ce sont là des qualités nécessaires pour une ballerine, à fortiori, Russe. une capacité d’engagement qu’on pourrait projeter également dans le couple : pourrait-on simplement imaginer ce genre de femmes tromper ou mettre fin à une relation sur un coup de tête ?
plus que jamais l’avenir s’annonce à l’EST.
C’est joli(ment écrit), mais ça sent quand même très fort la cristallisation.
:) Khachatourian a d’autant plus de mérite qu’il a écrit la BO de Superman sans le savoir, tel monsieur Jourdain (voir http://www.deezer.com/track/16722853 vers 1:30)
Mais si on veut être parfaitement honnête, il l’a surement lui même pompé sur Debussy, la référence m’échappe, mais c’est dans les trucs de « La mer ».
Ca manque d’une dimension de culture à base de « un mannequin n’a pas besoin de connaitre la mode pour poser » alors que « une danseuse a fatalement dix ans de barre derrière elle le jour où on la voit »
Mais cet article est très sympathique.
(Mais pour me faire dire du mal de la danse classique, il faut se lever de bonne heure)
D’accord même avant de lire l’article!