Ecoute, mon amour, écoute ces mots d’un voyant (…) Je ne veux plus jouer, je suis las, si tu savais, j’ai tout joué (…). Oh ! Mann ! Quand j’étais petite, que le soir je m’endormais sans baiser ni caresse, quand j’étais punie, qu’on me coupait les tresses, qu’on me menaçait des pires châtiments pour avoir dit oui, pour avoir dit non à une simple question, quand je ne savais plus pourquoi j’étais sur terre, ce qu’on me demandait, ce qu’il fallait y faire, je regardais le Ciel, je l’implorais de m’envoyer, pour quand je serais grande, un homme fort et doux qui saurait me comprendre. Il viendra, je me disais en rejoignant mes mains, il viendra, car le Ciel est clément avec les petites filles, il écoute leurs prières, il sait les exaucer, je t’ai attendu longtemps et puis j’ai renoncé, je me suis dit allez, il est temps d’être grande, range tes jouets, tes souhaits de fillette, la vie n’est pas une dînette, il faut s’enraciner, avoir un fiancé, (…) la mine sévère, la mine polie, la mine fière, la mine sage, saute de tes nuages, ouvre grand les yeux, avance sans te plaindre, accomplis ton ouvrage. Alors pour oublier, quand j’avais tout bien rangé, quand ma tâche était faite, j’enfourchais mes chimères, parfais retrouver cet homme fort et doux que je n’oubliais pas, il marchait près de moi, souvent je lui parlais, je me confiais à lui, je l’emmenais partout, il voulait tout connaître, il aimait les mots, les livres, les belles lettres, il croyait à l’Amour, il ne le trompait pas, il savait être sombre, sauvage, m’inquiéter, me faire sauter des pages, il partait, revenait et me tendait les bras… Et puis tu as surgi ! Mon amour incarné, peint en noir, en blanc, en chair mate et rosée. Tu as dit attends-moi et tu es reparti. Avais-je donc rêvé ? Tes lettres ne suffisaient plus, et quand elles disparurent, je ne fus pas étonnée : tu n’existais pas, je t’avais inventé, j’allais donc me marier pour mieux rêver à toi ! Comme tant d’autres esseulées qui pour se consoler prennent le premier mari qui ose les demander.
(…)
Alors elle se redresse, elle s’arrache à ses bras, le fixe avec effroi, elle lui demande de répéter les derniers vers du poète blessé qui mourut à Marseille et que sa soeur veilla. Il hoche la tête, récite les vers du poète aux bottes de mille lieues et elle ferme les yeux et les larmes jaillissent et elle laisse échapper un soupir de sirène blessée.
Katherine Pancol, « Et monter lentement dans un immense amour… »
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Très vrai, pour Elle
Ce texte illustre, à sa manière ce qu’est le bovarysme.
Superbe texte, touchant vraiment.
J’ai pu noter une faute :
» >parfais< retrouver cet homme fort et doux »= partais sûrement.
Voilà.
Très joli texte. Il y a tout dedans en termes d’explications sur les pensées féminines. Je suis sûr que celui qui sait comprendre ce texte a tout compris.
Non, tu n’es pas le seul.
Suis-je le seul à apprécier ce texte en tant que poésie au lieu de chercher à comprendre ce qu’il cache ?
c’est tellement une evidence que les femmes cherchent le prince charmant, sans savoir qui elles cherchent réellement… pourquoi donc ce texte ecrit par une femme… un extrait d’un Calaferte par exemple serait tellement mieux…
Ce texte indique a merveille ce que les femmes attendent des hommes (fort, directif, mystérieux, sombre, …) et témoigne en même temps de leur vision de l’amour. C’est à nous de jouer notre rôle d’homme afin de les maintenir dans leurs rêves, un peu comme on préserve un enfant de la réalité en le faisant croire au père noël.
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Pourquoi tants d’émotions et de rêve, et si peu le sens des réalités? C’est généralisable, et pourtant ça m’énerve toujours.
Le mari a un rôle tellement creux, pourtant le monde est beau en soit si on y regarde bien, les princes charmants existent si on cherche bien.
Elle est là à attendre que son bonheur lui tombe du ciel ! Totalement passive, elle ne fait que recevoir dans tout le texte, l’amour, la demande, le poème, les réprimandes…sa seule action c’est la prière! et vivre, ressentir, être là, et « accomplir son ouvrage » .
C’est très beau, y’a du vrai, mais je trouve ça assez pitoyable aussi. Peut être qu’en fin de journée ça passe mieux xD .
Ce n’est pas donné à tout le monde de comprendre de comprendre cet article …
A Beautiful mind …
Article sur ce que veulent les femmes: elles recherchent le prince charmant: il est tout ceci ou rien de cela et en même temps son contraire et comme finalement elles ne le trouvent pas car il n’existe pas ou peut être ne savent pas vraiment ce qu’elles veulent, elles prennent le premier venu pour se caser. J’ai bon, Spike?
Joli, ca me fait penser a Princess au Regard triste… non c’est pas un livre mais un rap.
pourquoi ce texte ???