Elle est la féministe la plus détestée de France

Titiou Le Coq est la féministe la plus détestée du web en cette fin d’année 2018. La raison en incombe à sa dernière interview accordée à l’Obs. Elle a recueilli l’hommage suprême : 99 % d’internautes se sont lâchés contre elle. C’est la seule vidéo que j’ai vue sur Youtube, recueillir 99 % d’avis négatifs.

Qu’a-t-elle dit ou fait pour recueillir l’anathème. Allons-nous sonner l’hallali ? Elle affirme avoir volontairement omis d’emmener son fils aux urgences.  Était-ce de la méchanceté ? Quelle est la chaîne des événements qui lui a permis d’arriver à cette extrémité ? Mérite-t-elle le titre de féministe la plus détestée de l’année ?

« En ramassant les chaussettes sales, j’ai pété les plombs »

Si on fait une recherche sur Titiou Le Coq, on trouve qu’en réalité 99 % de cette interview accordée à l’Obs, elle l’avait déjà dit à la chaîne Youtube Brut, l’année précédente. En fait cela n’avait fait l’objet d’aucun commentaire. En réalité le 1 % qui diffère c’est l’accident grave arrivé au gamin.

Instagram, le miroir de la génération Z

« Le moment décisif dans ma libération ménagère, ça a été le jour où j’ai regardé mon salon et il était exactement l’opposé des salons que je voyais sur Instagram. »

Sa théorie de la comparaison incessante aux normes d’Instagram, elle l’a déjà exposée. Elle souffre de la comparaison maladive à des fabrications visuelles des réseaux sociaux. De plus, quand elle se compare à Instagram, elle oublie de préciser que les appartements Instagram sont des appartements témoins, fabriqués et gérés par les marques qui les prêtent à des instagrameuses pour qu’elles y fassent des photos. Ce ne sont pas des lieux habités.

Ce sont des comparaisons frustrantes et qui entraînent ceux qui en sont les victimes, dans un cercle vicieux d’auto dépréciation, à l’instar des régimes. En se comparant à des corps retouchés sur Instagram, on vit dans l’insatisfaction permanente du sien. La première victime de la comparaison incessante sur Instagram est en général la femme. Ceci étant dit, à 30 ans, le t-shirt Iron Maiden, le double collier de geekette ex-gothique, l’absence de maquillage et le cheveu gras remonté en chignon, on voit qu’elle ne se compare pas sur l’apprêtement. Pas de quoi être la féministe la plus détestée.

Une féministe ça ne fait pas le ménage ?

« Je me suis vue en train de me pencher pour ramasser (les chaussettes du conjoint et des enfants) au lieu d’aller travailler ».

Dis-nous ce que tu fais comme travail ? Tu es présentée comme auteure. J’ai écrit 3 livres, publié 2, je te garantis qu’auteur te laisse beaucoup de temps libre dans la journée. Et surtout, tu ne gagnes pas grand chose. Quand tu rappelleras une énième fois ta thèse fétiche, que ce sont les femmes qui font les 2/3 des tâches ménagères, je te demanderai qui rapporte 2/3 des calories ? Qui paye 2/3 du crédit sur le toit ? Qui finance les 2/3 de l’existence du ménage ? En général, ce ne sont pas les femmes.

« Moi qui suis féministe » : c’est très bien, mais définis ce dont tu parles. Tu es quel type de féministe ? Es-tu d’un féminisme égalitariste, éthique, un féminisme radical, d’élite etc ? D’abord, définis ce dont tu parles. Aujourd’hui tu es la féministe la plus détestée du web.

Ensuite, explique-moi en quoi être « sympas » vient inférer et se mettre en opposition au modèle traditionnel ? On voit bien que « trentenaires » et « sympas » cela veut dire « progressistes », c’est-à-dire « libertaires de gauche ». C’est comme une intolérance au gluten, tu es certainement vegan etc. C’est comme une intolérance au conservatisme d’un modèle traditionnel. Quel est le « modèle traditionnel » ? Dans le modèle traditionnel, ce n’est pas l’homme qui se prélasse et la femme qui fait le ménage. C’est que la femme fait l’administratif et l’homme la logistique. En gros, la logistique ce sont tous les travaux de maintenance de l’habitation.

« Me définir moi comme une ménagère ça a été assez violent »

Par contre ne définir aucun des concepts que tu tentes de manipuler depuis le début ça ne te choque pas. « Quelqu’un qui fait les 2/3 des tâches ménagères est une ménagère ». 66 % ce n’est que 16 % de plus que 50. Donc, cela ne me choque pas que la répartition des tâches ménagères se fassent à 66/34 %. On serait entre un 75/25 et un 90/10, cela me choquerait. Sur un 66/34 cela ne me choque pas dans la mesure où elle ne nous livre pas l’inconnue : combien monsieur apporte-t-il de calories par son activité professionnelle ? Finance-t-il la vie du ménage, au global tout inclus, à au moins 66 % ? A mon avis si elle n’est qu’écrivain, cela se rapproche du 90 %. Au constat, elle lui serait toujours débitrice.

Quel est ton seuil de tolérance ?

« Laver le linge, étendre le linge, m’occuper des enfants ou d’avoir l’école qui m’appelait. Il y a une espèce de sur sollicitation permanente […] j’en  faisais plus que ce qu’on me demandait. »

Ce sont les éternelles récriminations de celui qui se tue au travail en vertu des sacro-saintes tâches ménagères. La réalité c’est qu’il y a sans doute une asymétrie. Asymétrie qui n’est pas tant la partition de l’humanité entre des femmes qui adoreraient ça et des hommes qui détesteraient, mais une question de seuil de tolérance. Passé le stade de passion amoureuse (subterfuge de la vie pour nous faire choisir un partenaire et avoir des enfants), la vie en commun est de la logistique et de l’administratif. C’est aussi de l’exposition de l’enceinte close. C’est-à-dire que l’on s’enferme dans un logement et on réalise des arrangements pour vivre ensemble.

Le plus grand dénominateur commun est le désordre anthropique

L’anthropie est le désordre qui va s’installer fatalement dès que l’on s’accorde un peu de répit, d’autant plus quand on a des enfants. L’ordre, la propreté, le feng shui est un travail quotidien. Si on délaisse son intérieur, c’est le chaos anthropique. Le couple est contraint de cohabiter avec ce tiers invisible. En bonne féministe la plus détestée, ce qu’elle appelle la charge mentale, que je redéfinirai comme confusion mentale, c’est : qui a le seuil de tolérance au bordel le haut ? Ce n’est pas toujours la femme.

« Il y a un décalage général entre le discours général : les hommes et les femmes sont tous égaux., et ce que l’on vit au quotidien ». Ce décalage  général s’appelle de la dissonance cognitive et il n’est que dans ta tête. Les gens de bonne foi ont tous remarqués que nous ne sommes pas égaux, ne serait-ce que du point de vue de leurs centres d’intérêts.

« Moi je peux être féministe sur internet et dans la rue ».  Qu’est-ce que c’est ? A part s’allier sur des pages Facebook pour aller dénoncer des gens comme moi, que faites-vous ? Définis-nous le cœur de ton activité. Si tu n’es pas capable de le faire, put-être qu ton mari ne le voit pas non plus. D’ailleurs, il ne serait peut-être pas d’accord sur la répartition des 2/3. Et pour les internautes tu es élue féministe la plus détestée.

La partie de l’interview qui l’a rendue « féministe la plus détestée »

« Une fois la porte fermée, est-ce que l’on continue à vivre en accord avec ses principes ? […] L’amour de son conjoint et l’amour de ses enfants, c’est vraiment des prétextes pour déroger à l’égalité.[…] J’ai fait l’expérience de mon gamin malade que je ne pouvais pas emmener chez le pédiatre parce que c’était tout le temps à moi de le faire. J’ai dit à son père tu t’en charges. Il ne l’a pas fait, le gamin a fini avec un tympan percé. Ce que j’ai fait c’est horrible mais en même temps, c’était pas mon tour. Donc j’ai pas lâché ».

C’est la partie où je serais paradoxalement le moins en désaccord avec elle. Là où je persiste à être en désaccord, c’est qu’ils se sont manifestement dispensés de l’indispensable contrat de couple. Le contrat de couple, c’est quand on décide de passer du stade de la passion amoureuse au stade de l’emménagement. Il faut profiter de la phase où ça va bien et où on communique facilement pour décider qui fait quoi. Il faut passer un temps à qualifier tout ce qui semble évident a priori : le partage de la logistique et de l’administratif. Je suggère ce même type de contrat pour la fidélité. On discute souvent de ce type de contrat que quand il y a un problème et que l’un se sent lésé, c’est trop tard. Mieux vaut en discuter quand tout va bien.

Pourquoi est-elle détestée par les internautes ?

Le déclencheur est qu’elle a participé à un jeu de pouvoir malsain. C’est-à-dire à une négociation tardive où l’enjeu était la santé de son enfant. C’est finalement lui qui en a subi les conséquences. Cela a entraîné un réflexe anthropologique et épidermique aux lecteurs. D’où le fait qu’elle soit la féministe la plus détestée. Mais selon moi, le cœur n’est pas là. C’est triste que le gamin ait été l’objet d’un conflit qui ne le concernait pas. Mais le débat qu’elle soulève, maladroitement, me paraît néanmoins fondé.

Donc tristesse pour ce gamin dont on espère qu’il a retrouvé toute son audition. Mais aussi irritation pour l’air complètement immature et désinvolte avec lequel la féministe la plus détestée l’évoque. Ce qui m’amène presque à douter de la véracité de ses propos. C’est fondamentalement un support à discussion qui bien que tardif, me paraît pertinent.

« Si je le fais pas et que mon gamin souffre, mon rôle de mère c’est d’agir. Non, il ne faut pas. […] Tant que la maison restera un domaine féminin il y a une ambivalence qui fait que le s femmes n’arriveront pas à prendre complètement leur place dans le reste de la société. Si on est celle qui fait toutes les tâches ménagères, on est celle qui ne sera pas écoutée en réunion de travail. »

On switche de la charge mentale à la confusion mentale

Pour moi c’est le contraire. c’est par la conséquences de la sous-performances des femmes au travail qu’elles se retrouvent à avoir plus de temps disponible et paradoxalement moins de stress au boulot. Ce n’est pas parce que tu passes un peu trop l’aspirateur que tu n’oses pas demander une augmentation. C’est parce que tu n’as pas osé demander une augmentation, parce que la femme négocie moins bien et qu’elle n’ose pas taper du poing sur la table au travail, qu’elle se retrouve avec moins de responsabilités financières, plus de temps. Ce temps, elle a tendance a plus l’accorder aux tâches ménagères.

Donc derrière un panel d’idioties superficielles, il y a des réflexions pas si bêtes. Notamment le fait qu’on ne négocie dans le couple qu’en objectivant. En réussissant à se décentrer. C’est généralement la femme qui a le plus besoin de se décentrer. Il faut donc objectiver l’apport calorique de chacun. C’est généralement les femmes qui en ont le plus besoin.

Le père modèle pour les tâches ménagères ?

« Il faut éduquer différemment les enfants, notamment les garçons […] ils s’identifient à leur père. […] il faut qu’ils voient leur père à quatre pattes en train de nettoyer ». Comment veux-tu qu’ils s’identifient à une mère pas coiffée, pas maquillée, qui n’a aucune grâce ? En fait, pour être admiré il faut être admirable. Les pères n’ont donc rien à y gagner de l’admiration de leurs gosses à se mettre à quatre pattes. C’est le contraire. C’est à l’enfant d’admirer suffisamment la vie de son père pour avoir envie de grandir et de se mettre à son niveau. Il est logique que l’enfant n’ait aucun intérêt pour les tâches ménagères. Et tu ne seras pas non plus excitée de trouver le père de tes enfants à quatre pattes.

En conclusion, Titiou Le Coq, auteure de « Libérées » est-elle la féministe la plus détestée du moment ? Mérite-t-elle son 99% d’opinions négatives ? Je serai curieux t’entendre votre opinion dans les commentaires. Voyons si nous arrivons à 99 % de haine contre elle.

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