Etude de cas de Camille
Camille m’écrit qu’elle n’a ni l’attitude d’une bécasse lorsqu’elle se fait draguer, ni ne se fringue de manière vulgaire. Pourtant, les propositions sexuelles qu’elle reçoit arrivent beaucoup trop tôt à son goût.
Ma chère Camille, tu abordes ici au moins trois thèmes récurrents pour toute la communauté d’Hommes d’Influence et de Bibi en particulier: les sextos pourris; la société du toutes et tous jetables notamment grâce aux Tinder, Badoo, Adopte un mec, réseaux a-sociaux et compagnie; ma théorie des camemberts. Tu recevras ma claque de réalisme dédicacée juste après ton message, et les commentaires des chatonnes et des chatons. Sinon Camille, j’ai tout un séminaire sur le charme discret du texto parfait que je t’encourage à intégrer.
Bonjour Stéphane,
étude de cas de Camille
Lorsque je rencontre un homme de ma tranche d’âge (20-25 ans) ou un peu plus âgé, dans l’écrasante majorité des cas la proposition sexuelle arrive trop tôt à mon goût*. J’en viens à me demander si:
- Je suis frigide!
- J’envoie un message à ces hommes qui encourage leur empressement
- Dois-je changer d’attitude
- Dois-je changer de genre d’homme?
*dès le premier rendez-vous. Voire même avant celui-ci : directement dans les messages (je veux parler des fameux sextos).
Je ne rejette pas la proposition en elle-même
Je précise que je ne rejette pas la proposition en elle-même. Mais les hommes que je rencontre ont tendance à délaisser la phase de séduction pour proposer, avec si peu de délicatesse et tant d’empressement, un rapprochement charnel. C’est pour moi un tue-l’amour terrible. Ça me dérange.
Je remarque également, que ce sont surtout les jeunes hommes génération Z qui semblent être étrangers à la création d’un univers érotique commun… Avant de consommer une chair qui se consume d’autant plus rapidement qu’elle ne s’encre dans quasiment aucun océan de fantasmes.
Nombreux sont les cas où je dois me dépatouiller seule afin de rendre l’échange plus intéressant du point de vue érotique. Je désespère de constater la pauvreté affligeante d’une imagination peu créative, remplie de clichés pornographiques sans aucune originalité, et si peu de finesse. Rien de très recherché en somme. Rien de très stimulant donc.
J’ai grossièrement l’impression qu’on se jette sur moi
Ma problématique ? J’ai grossièrement l’impression qu’on se jette sur moi avec trop d’empressement, sans prendre le temps d’amener justement « la chose ». Il ne s’agit pas d’être courtisée indéfiniment, il s’agit de sentir le rythme adéquat.
« Stéphane, d’après toi, est-ce que je peine à trouver amant à mon pied parce que je ne fréquente que des Hétéros Binaires de Base (HBB) ? Est-ce que je cherche quelque chose qui n’existe plus ? »
étude de cas de Camille
Il est certainement utile d’ajouter que je ne me fringue pas de manière vulgaire, et n’ai pas l’attitude d’une bécasse lorsqu’on me drague. Malgré tout, la séduction semble se mourir au profit de la consommation instantanée, se mourir d’un objet qui n’est plus au service du désir, juste esclave de la promptitude.
Bien à toi,
Camille
Donc, Camille, ma réponse tragique.
Les hommes et les femmes ne sont pas plus décevants ou plus binaires qu’avant. Interroge-toi sur la séquence précédant les faits. Avant l’Internet mobile, il y a eu l’époque de l’Internet fixe. Quand le seul ordinateur se trouvait au Centre de documentation du lycée, les rencontres se faisaient dans le monde réel. On se promettait de se revoir tel jour, tel endroit. Jusqu’au premier rendez-vous, nous n’avions que le téléphone fixe ou… rien. Et le téléphone servait surtout à fixer les conditions logistiques de ce premier rendez-vous. Ensuite? Quasiment plus rien, plus aucun échange. J’étais d’ailleurs un apôtre du silence total jusqu’à la date du rendez-vous.
L’arrivée des sites de rencontre à changé la donne
Et puis, l’arrivée des sites de rencontre à changé la donne. Soit on rencontrait la personne en ligne sur Meetic par exemple, et il s’ensuivait les échanges épistolaires pendant parfois des semaines. Soit on se rencontrait IRL (In Real Life = dans le monde réel, ndlr.) et on restait dans le réel: on ne passait jamais par la case « tchat ». Ceux qui n’aimaient pas écrire, n’écrivaient pas tout simplement.
Le texto incontournable dans toute relation
Désormais, les textos sont devenus un véritable goulet d’étranglement.
Quel que soit le canal, texter sur WhatsApp, Messenger, sms, etc. est le présupposé à toute relation. Il est impensable de ne pas avoir d’échanges jusqu’au rendez-vous, c’est même considéré comme extrêmement étrange. Essaye pour voir. La personne en face le prend comme un énorme signe de désintérêt et finit par annuler le rendez-vous. Du coup, ce goulet d’étranglement force des gens qui n’ont pas d’aptitude rhétorique à passer à l’écrit.
Avant 2005, ce n’était pas indispensable d’être charmant et sexué à l’écrit
Ainsi Camille, contrairement à ce que tu as l’air de penser, les hommes ne sont pas plus embarrassés ou maladroits qu’avant, c’est juste qu’avant l’arrivée d’Internet, ces hommes n’écrivaient pas. Aujourd’hui, ils sont contraints de le faire. Avant 2005 environ, ils pouvaient encore y échapper. Ce n’était pas indispensable d’être charmant et sexué à l’écrit. Puis entre 2005 et 2015, les séducteurs les moins à l’aise dans la vraie vie se connectent aux sites de rencontre pour draguer. Ils sont confrontés à une présélection contre les meilleurs séducteurs à l’écrit.
Aujourd’hui : tout le monde y est contraint. C’est un peu comme si on imposait le chant comme épreuve du baccalauréat : on verrait que 95% des gens chantent mal. Comme tous les utopistes contrariés, tu constates que les gens sont médiocres et limités.
Ceux sur qui tu tombes n’ont pas d’imagination, ni d’épaisseur culturelle, aucune densité poétique, ni les vecteurs adéquats pour « sexuer » une conversation épistolaire. Tout le monde n’est pas Cyrano de Bergerac. En réalité, la grande majorité sont des Christian de Neuvilette…
Stéphane EDOUARD
Deuxième élément de ma réponse. Camille: il n’y a que les utopiques pour être déçus de la vulgarité des gens. Deviens tragique comme moi, et tu verras la vulgarité partout et en permanence. Dans les magasins, au guichet des impôts et bien sûr dans la nullité et la médiocrité des messages que tu reçois. Tu ne seras plus surprise. Et tu sauras que ceux qui ont l’habileté de rebondir intelligemment sur ton univers érotique représentent seulement deux à cinq pour cent des gens.
Le marché ne ment pas
Enfin, Camille, on a ce qu’on mérite. En business comme en amour, arrête de penser que le marché est injuste. C’est une idéologie. Un marché ajuste l’offre et la demande et personne ne peut s’exonérer des lois du marché. Tu n’es ni merveilleuse, ni unique. Tu ne peux pas estimer que tu vaux plus que les offres (c’est à dire les hommes) qui viennent à toi. Je te donne un exemple : si tu vends ta maison et que tu n’as pas de coup de fil pendant six mois, c’est que le prix affiché est trop cher.
Et toi ? Qu’est-ce que tu offres ?
Camille, débarrasse-toi de ce prisme utopique et demande-toi sincèrement quelle est ta valeur ? Qu’est-ce que tu offres ? Quel est ton marché ? Est-ce que ta culture, tes valeurs, ton univers érotique et poétique sont si bons que ça pour que tu ne tombes finalement que sur des propositions ringardes ? Il t’est peut être confortable de penser que ta valeur intrinsèque et ta valeur perçue sont beaucoup plus élevées par rapport aux propositions qu’on te fait. Mais la réalité du marché ne ment pas. Il est strictement impossible que sur la durée ta valeur intrinsèque soit absolument dé-corrélée des propositions que tu reçois. Selon moi Camille tu te vois un petit peu trop arrivée. Un peu trop belle. Voilà, débrouille-toi avec ça.
Stéphane
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Au vu du titre, je ne m’attendais pas du tout à cet argumentaire.
Je n’avais jamais replacé le « sexto » dans un contexte socio-historique ….
Je crois que c’est un de mes articles préférés sur ce blog, car il fait écho à ma situation: je discute actuellement (depuis 2 mois) avec un homme qui est excellent à l’écrit, vraiment…..il maîtrise objectivement ce mode d’expression…..
– il a plus de 50 ans : il est de la ‘vieille’
– il fait clairement partie des « 2% capables de rebondir sur mon univers érotique ».
Problème: là , nos conversation s’épuisent et se raréfient…. Je sens que cela vient probablement de moi, que je n’arrive plus à le « stimuler » en retour, ne lui apporte plus ce dont lui a besoin dans son univers épistolaire érotique, intellectuel… et ca craint. Consciente que je suis d’être au « maximum » de me capacités actuelles. Le « mot de la fin » ne peut donc qu’être proche…
Tu as lu de travers je pense Louane, il ne parle pas de se donner aussitôt sans phase de séduction il parle de venir se rencontrer IRL sans passer nécessairement par la case séductiuon à l’écrit
Tu penses que le « courant » peut passer à travers ton téléphone,ou que les animaux se séduisent par écrit ?
Non! 90% de la communication est non verbale, si tu veux vraiment connaître une personne regarde ce qu’il fait pas ce qu’il dit (tu risueras moins de tomber sur des mythomanes…)
Ensuite les loi du marché sont les lois du marché . Dura Lex Sed Lex
C’est rabaissant si tu te sur-estime oui…
La réponse au commentaire écrit par un homme qui ne semble avoir aucune compréhension de la psychologie féminine est choquante et rabaissante. Une relation qui passe par une phase de séduction est bien plus saine qu’une relation hâtive dont seul le sexe est le piler. Je rejoins Camille si toute fois elle existe. Non tu as le droit d’exiger qu’on te séduise avant de te proposer. Dans le monde mammifère, ily a toujours une phase de séduction avant l’accouple, l’humain étant un primate, il obéit aux mêmes lois … ou il devrait …