Je sais que mon article va encore en agacer une poignée, et je sais aussi que ce sont les seuls qui écrivent pour se plaindre. Je vais donc leur épargner la peine de chercher l’adresse, il s’agit de reclamations @ spikeseduction.com.
Vous me direz, ce n’est pas particulièrement difficile à deviner, rien n’étant moins toléré que la remise en cause des principes de notre éducation. Essayez donc de dire à un type gros qu’il mange mal, il vous répondra que c’est dans les gènes et que les gênes sont de ces choses qu’on ne critique pas. Quant à une femme, n’y pensez même pas. Mais ce n’est pas de gras qu’il s’agit aujourd’hui, ce sera pour une autre fois. Si ce n’est déjà fait.
Il est 7h08 du matin et je vous écris depuis le Ferry reliant Athènes à Santorini, où je ne parviens pas à déterminer, des croissants grecs ou du décorateur de la cabine, lesquels ont plus mauvais goût. Sur la tablette pliante devant moi, mon mc book air, le jus de 3 oranges pressées par une machine dont le fonctionnement semble reproduire en modèle réduit le principe du toboggan d’un parc aquatique, ainsi qu’une pile de hiéroglyphes sur parchemin ancien. A la différence près que ce ne sont pas des parchemins mais un bloc notes de marque Oxford. Et pas des hiéroglyphes mais bien l’écriture de mon voisin.
Un voisin contrariant
Il y a des gauchers contrariés, peut-être des droitiers contrariés (l’esprit de contredire la contradiction, sans doute), mais le plus probable était le dit voisin n’ait pas été contrarié du tout. Il écrivait avec l’application de ces gens qui passent contre votre gré une éponge de graisse et d’eau savonneuse sur votre pare brise pendant que vous attendez au feu rouge, c’est à dire aucune application du tout. Il écrivait vraiment, délibérément mal. J’ignore si ses notes avaient pour but d’être relues – probablement pas, fut-ce par lui – mais je n’arrivais pas à détourner mon attention. Je fais mes n comme mes m, et mes t comme des p, mais lui faisait ses n parfois comme des r, la fois suivante comme des z, puis comme des signes n’ayant jamais été recensés auparavant dans notre univers. Et quant à ceux que j’entends se dire « normal, il est grec », la réponse est non, il ne l’est pas. Et vous regardez trop les énigmes Fort Boyard. D’énigme, en l’occurrence, il n’y avait pas du tout. A ce stade, vous vous attendez probablement à ce que je vous décrive un peu le personnage, ce est pour l’instant rigoureusement impossible, puisque je ne l’ai jamais vu. Il est sans doute parti s’acheter son orange pressée et son croissant.
De retour sur son siège rouge imitation cuir (sponsoring Vodafone oblige) (je veux parler de la couleur), surprise et déception : il était normal. Je veux dire par là qu’il avait deux mains, deux yeux et deux pieds comme tout le monde, rien qui puisse expliquer cette écriture immonde. Et puis l’énigme s’est dénouée devant moi, comme un noeud mal serré. Il a pris son stylo pour continuer son ouvrage, et j’ai compris. Ce type qui ma foi n’avait pas l’air de manquer d’intelligence n’avais pas la moindre idée de la façon de tenir l’objet qui lui servait pourtant à déposer celle-ci sur le papier. Sa main, ses doigts, tout s’agrippait au stylo dans un enchevêtrement aussi élégant que deux araignées en train de copuler. Du l’auriculaire ou du majeur je ne saurais dire lequel passait et repassait par dessus ou par dessous mais je crois bien qu’il arrivait à faire en sorte que tous les deux doublent l’index dans un triumvirat aussi hideux qu’inefficace. D’où l’interrogation légitime qui me vint une fois la stupeur passée :
Nous avons probablement grandi dans les mêmes écoles (l’école publique), nous sommes passés par les mêmes classes (cp, il me semble, pour ce qui est d’apprendre à former les lettres), alors que faisait-il, petit garçon, lorsque son institutrice est passée dans les rangs pour expliquer la prise en main correcte d’un stylo ?
L’école a de commun avec la vie qu’il y a certains cours à ne pas louper, certains b-a ba, des « how to » comme diraient les anglo-saxons, qui ne se rattrapent jamais. J’aimerais qu’il en soit différemment, hélas il en est ainsi.
- Les gens qui tiennent très mal leur stylo écrivent quasi-systématiquement très mal.
- Ceux qui ne savent pas tenir leurs couverts mangent généralement sans discernement (et mal)
- Si vous n’écoutez rien en cours de natation, vous allez barboter gentiment, mais vous ne nagerez jamais aussi vite et avec aussi peu d’efforts que ceux qui ont fait l’effort (justement) d’écouter pendant le cours de sport
- Ceux qui tiennent leur raquette de tennis n’importe comment ne deviennent jamais n°1 mondial (n’allez pas chercher l’exemple bien loin, souvenez-vous d’un certain F. Santoro)
- Etc. etc.
La vraie humilité consiste à apprendre
On devient bon dans quelque chose dès lors qu’on a l’humilité* d’apprendre ou de réapprendre le bon geste au départ. Tout le reste n’est que compensations inutiles et malheureuses, enchevêtrements des doigts sur le stylo.
A la base de la séduction, il y a
- la fierté de soi (désormais appelée confiance en soi),
- les règles élémentaires de comportement en société (désormais appelées dynamiques sociales),
- l’aptitude à convier les gens à entrer dans sa propre vie (désormais appelée l’intelligence sociale),
- et celle de savoir parler de soi (désormais appelée capacité à écouter, puisqu’on ne retient que ce qu’on est).
Si vous n’apprenez pas à « tenir votre stylo » maintenant, dans chacun de ces « alphabets » (domaines) de base, vous allez coller des pansements sur une jambe de bois.
C’est ce que je me suis dit en m’observant nager pendant mes dernières vacances en corse, raison pour laquelle je m’inscris dès la rentrée à des cours de natation.
Et vous, si vous appreniez à séduire, de la bonne façon ?
Stéphane
* il s’agit là de la vraie humilité, pas celle dont certains me reprochent – à tort – de manquer
- Devenez plus écouté, plus intéressant et plus charismatique
- Appliquez les techniques de séduction au monde professionnel
- Découvrez les petits secrets des hommes séduisants
- Consolidez les relations et épanouissez-vous en couple
- Gagnez en intelligence sociale et en aisance relationnelle
- Décodez la psychologie féminine comme un livre ouvert
- Découvrez les petits secrets des hommes séduisants
En faite vous parlez de l’inner game non?
à notre époque, ceux qui écrivent le plus, écrivent le plus mal.
cherche sur google, quelques manuscrits d’auteur…
pas besoin de voir les grands auteurs, un misérable chansonnier comme ce modeste serge gainsbourg par exemple :
http://www.google.fr/imgres?q=manuscrit+serge+gainsbourg&um=1&hl=fr&safe=vss&client=firefox-a&sa=N&rls=org.mozilla:fr:official&tbm=isch&tbnid=6ZM1xlwu7D1tRM:&imgrefurl=http://www.rom1.fr/chris_blog/%3Fp%3D11495&docid=7aZ9OTuSJ_ON_M&w=240&h=312&ei=yt5VTq-tBtDB8QP6_OnCDA&zoom=1&iact=hc&vpx=138&vpy=60&dur=1526&hovh=249&hovw=192&tx=99&ty=152&page=1&tbnh=127&tbnw=98&start=0&ndsp=19&ved=1t:429,r:0,s:0&biw=1024&bih=578
il est peut-être talentueux, l’homme-mystérieux-au-deux-mains gauche-de-la-terrasse-du-café, ses hiéroglyphes cachent peut être une plume subtile. cette « belle » écriture, moi je la laisse aux copiste, tout les poètes ne sont pas graphiste, et pourtant les deux sont enseigner à l’école.
pour ma part, la belle écriture, je ne la regarde pas, je lis.
L’humilité consiste à apprendre, et la vraie remise en question, celle qui ne dramatise pas mais stimule la réfléxion, est elle même une preuve de confiance en soit.
et les autodidactes? et les innovants? Et les innés
vive le conformisme auquel cas..
Je te renvoie à la théorie de la déviance, ah phénomène de norme émergeante, etc..
cdt
J’adore tes métaphores, j’aurais aimé que mes profs aient le ton sec de tes articles lors des cours éléementaires.
L’italien, la dance, la guitare et la reprise de la natation sont mes nouveaux dada du moment. Bonne chance avec ta redécouverte du barbotage.
Pour ma part j’ai décidé d’apprendre à jouer de la basse.
J’ai entendu dire que ‘rien ne résiste à l’entraînement’… alors je m’entraîne, je pratique quotidiennement.
Merci pour l’article