Partager sa passion, une fausse bonne idée



De tout le paysage de séduction que l’on peut admirer à loisir depuis que les sites dédiés au sujet éclosent à travers le monde comme les fleurs au printemps, j’aimerais aujourd’hui diriger mes jumelles vers un point en particulier : les dangers menaçant celui qui pense facilement partager sa passion. Qu’on l’appelle passion, hobby, centre d’intérêt, qu’il s’agisse de l’Opéra, la lecture, les films des années 50 ou que sais je encore.

Il s’agit d’une vieille impression datant de mes premières années d’adulte légal, qui est assez tardivement devenue une conviction, pas plus tard qu’il y a quelques mois. Le processus a duré longtemps tout simplement parce que je refusais de croire à l’évidence. Face à un désintérêt réel des filles, je suis resté convaincu pendant des années de m’y prendre le mieux du monde. Je rationalisais ensuite tous mes échecs par cette phrase variable selon les époques :

« ce n’est pas possible, pourquoi elle s’en fout, ce n’est en fait pas celle qui me faut»

Et à côté de moi, beaucoup de mecs – pour qui je n’avais pas une once d’estime – réussissaient bien plus que moi.

Partager sa passion amène à une suite d’échecs…

Je ne l’avais jamais vraiment mal vécu. Puisque je valais mieux qu’eux, je finirais bien un jour par sortir avec la fille qui leur tient le bras. J’ai donc continué dans ma stratégie et quelques années plus tard, aucune de leurs copines de passage ne me tenait encore le bras. Certains d’entre vous doivent avoir connu ce sentiment : un mélange d’amertume et d’injustice, que jamais sur le moment on ne qualifierait de frustration, pour protéger son ego.

A vrai dire, je n’en avais qu’une, de stratégie, mais il faut avouer que je n’étais pas à blâmer. Mon éducation parentale (paternelle pour préciser, puisque que ma mère était plus occupée à essayer de me faire comprendre les intégrales plutôt qu’à m’ouvrir sur le monde) m’a imprimé aussi profondément qu’un tatouage que sans centre d’intérêt, quel qu’ils soient, 1) on ne s’épanouit pas, et 2) on ne devient pas intéressant.

…mais une suite d’échecs n’amène pas toujours à une prise de conscience tardive

Si la première affirmation me fait encore du sens aujourd’hui, j’ai changé complètement d’avis quant à la deuxième. Je suis même convaincu que de continuer à y croire est aussi handicapant que les 100 kilos de graisse qui font que les filles détournent les yeux au bout de quelques secondes de conversation, ne pouvant vraiment pas, et elles en sont désolées, s’imaginer avec un gars comme ça. Pour illustrer ceci, revenons à ma super stratégie.

Pendant mes conversations donc, je prenais plaisir à partager, avec la fille qui me plaît, mon goût ce qui me faisait vibrer dans la vie, c’est-à-dire la batterie, la guitare, la lecture, le dessin, les voyages, etc. Ce n’était pas les centres d’intérêts qui me manquaient. J’avais l’impression d’avoir autant de munitions que Rambo, pouvant remplir à bloc le chargeur avec un nouveau hobby si je sentais que le précédent ne la touchait pas assez profondément. Je persistais parce que j’avais lu et entendu un peu n’importe où (surtout n’importe où) que pour être intéressant auprès d’une fille, il ne fallait jamais laisser de blanc et que la meilleure manière de s’y prendre, lisez bien, c’était de parler soit de ce qui nous intéresse, soit de ce qui l’intéresse.

L’issue qui en suivait était dans quasi tous les cas dramatique. Quand on parlait d’elle, je tombais dans un tourbillon d’approbation, et quand on parlait de moi, c’était à mon tour de chercher son approbation, scrutant chaque micro-mouvement de son visage susceptible de me donner le feu vert pour continuer. En d’autres termes, non seulement je faisais inconsciemment semblant de trouver génial tout ce qu’elle disait, mais en plus j’espérais qu’elle aimât ce que j’aimais. Le résultat final était aussi goûtu qu’un verre d’eau gazeuse sans billes puisque par dessus le marché, à l’époque je ne savais pas sexuer du tout.

Comme Bob, je fronçais les sourcils. A court de munitions, je finissais par la regarder m’ignorer. Je ne comprenais pas, j’avais l’impression d’être intelligent, d’être quelqu’un de complet qui investissait sur lui (c’était bien cela, même je ne connaissais pas cette formule à l’époque), et pas un de ces losers qui ne valait rien sur le long-terme. Cette incompréhension ne m’a pas quittée jusqu’au jour où, en me retournant pour analyser les quelques raisons de mes récents succès, j’avais compris. Pas tout compris bien-sûr, mais au moins ce qui suit.

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Partager sa passion, une fausse bonne idée (suite)

Parler de ses passions est sûrement à classer dans le top 10 des mythes sur la séduction. Je m’explique. Est-ce que vous croyez vraiment que parler de vos passions va:

  1. Lui donner envie de se questionner sur vous
  2. Lui montrer que vous êtes sexué
  3. La rassurer sur votre intelligence (pour les passions intellos)
  4. Créer cette fameuse connexion entre elle et vous
  5. Lui donner envie de partager votre passion avec vous
  6. D’une manière générale vous rendre intéressant pour discuter
  7. Instaurer de l’imaginaire, de l’émotionnel (les passions sont souvent mal racontées puisque rares sont ceux qui pensent à le faire par le billet d’histoires, elles-mêmes difficiles à raconter)
  8. Lui montrer que vous êtes ouvert d’esprit
  9. Montrer que vous n’êtes pas un glandeur

C’est en fait tout l’effet inverse qui se produit.

Voici ce qui se passe EN RÉALITÉ

Quand vous partagez vos passions

  1. Vous dévoilez quelque chose de privé à quelqu’un qui ne vous a encore rien demandé. Et si elle vous le demande, c’est qu’elle commence à s’ennuyer.
  2. Vous ne démontrez pas que vous êtes sexué puisqu’elle ne vous voit pas en action (en prenant l’hypothèse que votre passion à quelque chose de sexué et que vous y êtes bon).
  3. Vous la faites reculer, aucune fille normale n’a envie de quelqu’un verbalisant sa fierté d’être intello, même indirectement à travers un hobby.
  4. Vous vous focusez sur vous, donc no chance for connexion.
  5. Vous ne lui faites sûrement aucun effet, car il y a moins d’une chance sur 100 qu’elle partage votre passion avec l’intensité que vous y mettez, vous
  6. Votre discussion sera chiante, puisqu’elle aura moins à dire que vous. En fait ce ne sera pas une vraie discussion, juste une suite de questions unilatérales et plus ou moins épuisables.
  7. Vous avez beaucoup de chances de rester factuel, voire pire, de rentrer dans le technique puisque vous connaissez votre sujet. Essayez donc de sexuer après vous être enterré volontairement comme ça…Alors oui, il y a des activités plus sexualisables que d’autres (vous avez raison, ce mot n’existe pas), mais à moins de s’être beaucoup entraîné à en parler de cette façon, c’est vers le factuel que vous allez glisser, aussi sûrement que la gravité vous empêche de voler.
  8. Vous démontrez que vous êtes ouvert d’esprit, ce qui est une qualité certes défendable, mais de nos jours en rien exceptionnelle. Au mieux vous serez pour elle original, et ce sera pile ou face.
  9. Vous vous occupez, encore heureux ! Donc une fois de plus, rien d’exceptionnel. Et attention, vous pouvez facilement élever votre hobby plus haut que nécessaire, ce qui peut révéler des insécurités.

Alors, toujours envie de partager sa passion ?

Même le quart de ces raisons devrait suffire à vous faire tirer le frein à main sur les passions quand vous entamez une date ou une conversation avec une fille qui vous intéresse. Ce faux-pas est d’autant plus difficile à éviter que la fille en face de vous vous fait de l’effet.

Tout ceci est valable de son côté également. J’irais même jusqu’à dire que quand vous en venez à ce sujet pendant un rendez-vous, c’est qu’il n’y a aucune tension sexuelle entre vous et la fille. Ça meuble et fait descendre le niveau d’énergie, même si vous avez l’impression que pendant ce temps la date se passe bien.

En fait, une fille se fout pas mal de vos passions…

…tant que vos goûts, hobbies et activités sont :

  1. Assumés, par vous.
  2. Acceptables, c’est-à-dire pas bizarres ni geek-associated.
  3. Exercés à fréquence normale, c’est-à-dire qui vous laisse remplir votre vie avec le reste de ce qui devrait la composer.

De la même façon que si vous ne partagez pas son loisir, vous vous en fichez qu’elle fasse de la peinture ou du lancer de marteau… (bon ok, peut-être pas pour celui-là).

Que faire de vos passions alors, sinon les partager ?

En version «on-sort-prendre-un-verre», vous les gardez pour vous, c’est tout. Vous pouvez en mentionner une ou deux lorsque vous racontez une histoire marrante. Vous pouvez aussi, vous le savez, organiser une date autour de l’une d’entre elle si possible, mais pas trop tôt (pour caricaturer, un tout premier rendez-vous en mode plongée sous-marine est exagéré, en revanche la même en version wake-board peut se tenter). Les hobbys ne sont pas un sujet de conversation aidant directement la séduction. Mais attention, il y a une nuance.

Cette nuance se trouve dans le « directement ». C’est indéniable que se produire sur scène et rencontrer un certain succès sera un avantage, de la même manière que d’organiser des expos, des soirées autour d’un thème, ou même simplement d’y participer. Mais que faites-vous dans ce cas là? Vous n’en parlez pas et vous n’essayez pas de séduire, vous vivez ce qui vous intéresse et rencontrez simplement les gens par ce biais. C’est complètement différent. Mais ce n’est pas fini, il y a une nuance dans la nuance.

Si pas mal de couples se rencontrent effectivement lors d’activités communes, je ne parierais pas même un vieux stylo mâché que ces activités prennent une place importante dans leur vie respective. Des cas existent bien-sûr, mais pas assez nombreux pour que je puisse affirmer ceci : beaucoup de couples ne partagent pas leurs passions respectives. Ils ont chacun les leurs, avec leurs propres potes, et, comme disait Voltaire, « tout va très bien dans le meilleur des monde ». On se permet d’ajouter dans notre cas : du moment que les libertés de chacun sont respectées.

On va me dire qu’on peut faire de la projection avec les centres d’intérêts. Oui, on peut, et cela peut marcher, mais à la seule condition que le niveau d’intérêt de votre date est déjà relativement élevé. Et là, je parierais bien plus que le stylo mâché que ce n’est pas partager votre passion pour le parachute qui l’a fait grimper, son intérêt.

Partager sa passion, en résumé

En résumé, partager sa passion n’est PAS le moyen de démontrer de la valeur à bas coup. Pas DU TOUT.

n’essayez pas de séduire en vous présentant au bout d’un moment comme quelqu’un pratiquant beaucoup de ci ou de ça. Des dizaines d’articles sont à disposition pour vous aider à réussir les rendez-vous classiques et les premiers jours ou semaines de séduction (ainsi que le séminaire Comment parler de soi, bien qu’assez advanced).

Damien

Et vous, que faites-vous avec vos passions, communiquez-vous dessus ? Nous aimerions connaître votre avis ci-dessous, en commentaire


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8 commentaires

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  • Woooa ça me fait mal au coeur pour toi tellement t’es à l’ouest mon gars..

  • Pour que ça marche il faut être vraiment passionné par quelque chose et ne pas faire semblant de l’être juste pour séduire les filles.
    Tu as fait cela juste pour qu’on te regarde et qu’on s’intéresse à toi. Les filles l’ont senti et t’ont trouvé ridicule car ce n’était pas toi. Tu dis toi même que tu posais des questions et que tu voulais paraître intelligent. Les loosers dont tu parles sont peut être pas très futé mais ils doivent être sûrs d’eux et s’assumer : voilà la clef de la réussite et du succès.
    Si tu joues un rôle et que ça ne colle pas à qui tu es vraiment, ça se remarque à trois kilomètres.
    J’ai plusieurs centre d’intérêts dont la lecture, les animaux, la musique et je vois que ça met mal à l’aise certains, d’autres au contraire m’encouragent. Ceux qui m’encouragent ont un haut niveau intellectuel. Je parle de filles et de gars. Car je ne cherche pas à jouer de la guitare pour avoir un copain mais plus pour signifier aux gens que j’aime la musique et que j’ai envie de partager, de discuter de ça avec eux.
    Dans la vie il faut apprendre à se connaître, à se respecter et à aller vers les gens qui nous ressemblent. Si tu aimes les filles soumises qui ont besoin de violence c’est ton problème. Mais arrête d’accuser les filles, ne reporte pas la faute sur les filles car tu passes pour un idiot frustré. Sérieusement ça me fait mal au coeur de lire cela pendant que des filles bien, gentilles avec de vrai passions justement peinent à trouver quelqu’un. Tu es juste jaloux de ces gars et tu veux les défier en sortant avec les filles qui sont à leurs pieds. En gros tu tends le bâton pour te faire battre. Tu as qu’à trouver ce qui te plait vraiment, celle qui te plait vraiment et vivre pour toi. J’ai connu des filles laides, pas intéressantes qui me passaient devant car je voulais rester seule et je n’avais besoin de personne. Je pensais qu’elles étaient plus appréciée que moi mais je me rendais compte que ces filles souffraient au fond d’elles. Les gars allaient vers elles car elles étaient à leurs pieds et ces gars ne les respectaient pas vraiment. Donc voilà les gars qui te passent devant ne sont peut être pas si bien que cela pour ces filles la mais si tu aimes les filles qui ne peuvent pas s’empêcher d’aller vers eux c’est que le problème vient de toi. Apprend à connaître les gens, sors de chez toi.

  • Merci pour vos feedbacks, la suite devrait vous plaire également. Et j’attends également des objections :)

  • Excellente idée d’article, qui traite d’un sentiment que j’ai ressenti pas mal de fois en parlant de mes passions. Il ne suffit pas d’être capable de parler de ses centres d’interet pendant des heures pour etre séduisant.

    J’attend impatiemment la suite.

  • « Et à côté de moi, beaucoup de mecs – pour qui je n’avais pas une once d’estime – réussissaient bien plus que moi. »
    Oui, ça, je l’ai vécu.

  • Bien écrit et tellement vrai.. une remarque concernant les centres d’intérêts, des fois ce n’est pas évident pour les filles si ce sont des intérêts de « mecs » (motos, la seconde guerre mondiale, les jeux vidéos, art martiaux, musique classique..) ce sont des sujets assez « prise de tête » ou t’as deux passionnés qui peuvent discuter à bâtons rompus pendant 3 heures.

    Les sujets « filles » c’est plutôt les voyages, les anecdotes qui te sont arrivés et bien sur Elle.

  • Titre accrocheur pour un article qui l’est tout autant! Je me reconnais un brin dans ce que l’auteur déroule sous mes yeux… A croire qu’avoir un arsenal de passions mais ne pas savoir les communiquer ni écouter est aussi utile qu’un sabre de bois face a une tigresse.

    La suite !