Bonjour Stéphane, je lis ton site depuis plusieurs années et j’ai également participé à plusieurs de tes ateliers. Tout cela m’a beaucoup aidé dans ma vie, et je suis loin du petit gamin que j’étais en sortant du lycée même s’il me reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Notamment sur le sujet de se faire des amis compatibles avec mes goûts.
Jusqu’à il y a peu je ne prenais jamais d’initiatives, notamment lorsqu’il s’agissait d’organiser des évènements avec d’autres personnes, j’étais plutôt du genre à suivre les idées des autres. Et comme les idées des autres sont toujours mauvaises (ou plutôt moins bonnes que les celles qu’on peut trouver nous même) je me retrouvais dans des situations où même la personne la plus sociable du monde n’aurait pas été tout à fait à son aise. En effet on ne peut être tout à fait bien que dans les endroits que l’on apprécie, et cela inclue donc la nécessité de choisir soi-même ces fameux endroits (bon, normalement je ne t’apprend rien vu que je tiens ça de toi…)
Mes « amis » n’aiment pas les endroits que je fréquente
Si je t’écris ce mail, ce n’est pas pour te demander dans quel genre d’endroit je pourrais m’amuser pleinement, je les connais déjà. J’aime les endroits calmes et chargés de sens et d’histoires ; les beaux paysages (et cela ne manque pas du tout chez moi, j’habite en Corse), les musées, les vieux quartiers etc…
En fait le problème qui se pose à moi serait plutôt d’arriver à convaincre d’autres personnes de m’y accompagner ; si aujourd’hui j’ai peu de difficultés à me faire de vrais amis dans tout les endroits où je vais, j’ai beaucoup de mal à les emmener dans ces endroits que j’aime. Les gens de mon âge ne semble pas à l’aise à l’idée de se retrouver dans ces endroits « où rien n’est là pour vivre à notre place » (c’est à dire les endroits où il n’y a pas que des jolies filles et beaucoup de musique pour nous faire oublier l’ennui dans lequel on se trouve en réalité) et même si je continue à insister et à proposer des activités un peu différentes à mes ami(e)s de ce que les jeunes de 20-25 ans moyens sont habitués à faire, je n’essuie quasiment que des refus.
Se faire des amis qui aiment le beau, est-ce possible ?
Je ne suis pas dupe, si je n’arrive pas à convaincre les gens de sortir de leurs sentiers battus c’est parce qu’ils sont peureux et fainéants certes, mais surtout parce que je n’amène pas la proposition de la bonne manière. Je réfléchis beaucoup en ce moment sur la manière de convaincre les gens, chose pour laquelle je n’ai jamais été doué, et j’avoue que je bloque un peu. J’essaie de mettre plus d’enthousiasme dans mes propositions, d’insister plus également, mais je n’arrive pas à emballer les gens.
La question que je me pose est, tu l’auras probablement deviné, comment amener les gens vers des endroits différents (et probablement meilleurs, oui j’ose le dire) que ceux où ils ont l’habitude d’aller ? Voilà, c’est un sujet auquel j’essaie de réfléchir seul mais en parler avec quelqu’un m’aiderait à avancer plus vite, surtout si c’est quelqu’un comme toi qui réfléchit depuis longtemps à ces questions.
En rédigeant ce mail, et la question qui le termine, j’ai trouvé une réponse qui me convient pour le moment. Je ne suis pas sur qu’on puisse faire désirer à qui que ce soit des choses dont il n’ont pas envie et qu’il faut chercher des gens qui aiment les mêmes lieux que moi mais :
- J’ai beaucoup de mal à en trouver
- Ta réponse, si tu m’en donnes une, m’apprendra forcément quelque chose, même si tu es d’accord avec moi
- J’ai pris vingt minutes pour rédiger ce mail donc je l’envoie coûte que coûte :D
Pascal
Salut Pascal,
Désolé de ne pas avoir répondu plus tôt, j’ai beaucoup de courrier des lecteurs en ce moment. Mais la coïncidence avec un autre courrier récent (comment sortir de la solitude) est trop forte pour ne pas prendre le temps de t’écrire une bafouille.
Se faire des amis qui ont du goût, une question qui me revient sans cesse en tête, comme ces refrains de chanson qui s’immiscent dans ta mémoire puis refusent de s’en effacer.
Into the wild ou bien Into friends ?
As-tu vu ce film ?
C’est l’histoire d’un type qui fuit les choses et les gens qui l’entourent à la poursuite de son idéal de beauté, l’Alaska. Moins de 2 ans plus tard, il meurt (littéralement) de faim seul dans un bus abandonné à côté d’une rivière. C’est ce qu’on aurait pu appeler le générique de faim. Avant de fermer définitivement les yeux, il rédige ses mémoires sur un morceau de carton :
« le bonheur est fait pour être partagé »
Si tel est le cas, qu’est-il allé faire tout seul au fond d’un bus moisi ? Te faire des amis chez les mouches et les cafards ?
Tu dis que je réfléchis depuis longtemps à ces questions, alors je vais te faire partager le fruit d’une de ces réflexions au hasard :
La capacité à se faire des amis en grande quantité est proportionnelle à la quantité de couleuvres que tu peux avaler. Alors, quelle est l’endurance de ton estomac ?
Tes amis ne voient pas le beau autour d’eux ? Ils sont juste normaux. Qui t’a forcé à te distinguer et à quel titre espères-tu une reconnaissance au mérite ?
Qui t’a forcé à te distinguer ?
L’ambition du goût, de la différence et de l’exigence : tout cela n’apporte jamais la rétribution qu’en espère secrètement celui qui les porte en lui.
Il y a quelques années j’avais cette fille chez moi pour un rendez-vous. C’était un soir de semaine mais ni elle ni moi ne travaillions le lendemain. J’ai d’excellents alcools, un excellent canapé, de l’excellente musique et elle est diffusée par un non-moins excellent système à tubes, soit autant de plaisirs de fin gourmet. Cela ne l’a pas empêchée de crever d’envie d’aller en boîte de nuit boire du faux champagne, sur des banquettes en faux cuir, à faire semblant de danser sur de la fausse musique compressée en mp3, entourée d’inconnu(e)s en train de faussement s’amuser. J’ai ouvert la porte en silence et elle a fini par partir.
Se faire des amis en terre inconnue
Les gens n’aiment généralement que ce qu’ils connaissent déjà. Tout le reste réclame investissement, patience, curiosité et discernement ; autant de qualités dont il font si peu de cas chez les autres qu’ils ne songent généralement pas à les développer eux-mêmes.
Tu veux emballer les gens sur des destinations qui sortent des sentiers battus ? Pourquoi, ou plutôt pourqui ? Pour leur faire du bien, pour les éduquer, ou bien pour toi, pour ne pas finir seul au fond de ton bus ?
Les gens ne sortent pas des sentiers battus
Se faire des amis ou ne pas se faire des amis : pour l’immense majorité des gens, ce qui compte avant tout est de ne pas sortir des sentiers battus. Ni tes amis ni ceux des autres. Regarde les sentiers, regarde les chemins, regarde les routes : à chaque fois que je prends ma voiture (uniquement pour sortir de Paris naturellement), je vois les autoroutes bien denses (malgré la laideur, malgré les radars, malgré la monotonie), alors que les départementales sont vides, belles à regarder et belles à conduire.
Mais non, ils préfèrent s’enquiller en 5ème ou 6ème sur une 3 ou 4 voies insipide et attendre que le GPS annonce « vous êtes arrivé à destination », fiers d’eux.
Ton cas n’est pas unique. Le mien non plus. Aucun ne l’est.
Camus disait que, jeune, il attendait trop des gens ; une sorte d’émotion permanente. Et puis au final c’est leur simple présence qui tient lieu d’émotion. Juste savoir qu’ils sont là. Et se mentir un peu s’ils ne le sont pas.
Bon dimanche.
Stéphane
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Je comprends pas cet article. si on a des loisirs electiques c’est pour soi-même et pas besoin de convertir ses amis, de plus on peut toujours trouvé des passionés
Je fais des sports assez éclectiques et je trouve d’autre gars qui ont la meme passion, quitte a voyager en europe. et on se retrouve comme les meilleurs potes, sans prise de tete , ce que j’adore
Si ca concerne votre nana, aucun besoin de pratiquer les meme sports meme en vacances.
J’ai eu l’inverse aussi, une ex qui faisait de la competition en tennis et voyagait tout le temps. On jouait parfois ensemble LOL
Je suis de passage sur ce site et je suis étonné de voir à quel point et la question et la réponse (bien que finement rédigée) sont pathétiques. Si vous sortiez un peu vous verriez que vous n’avez pas le monopole du bon goût et que des communautés existent au sein de toute activité/loisir/culture intéressants.
Mais après avoir parcouru un peu le site on comprend vite qu’il est animé par quelques profiteurs et alimenté par beaucoup de pauvres types…
J’ai trouvé la solution, l’hypnose. Tu les manipules, tes amis te suivront dans tes endroits pour vieux.
Je crois que la première chose est de ne pas se croire supérieur en disant que tes amis n’aiment pas le beau… ensuite vous êtes amis donc il ne s’agit pas de les convaincre. Mais plus tot de les attirer, par ta passion ta joie, l’amusement et le plaisir que tu en tire. La facon dont tu communique. certains certaines te suivront d’autres pas.
De mon expérience avec mais loisirs « hors normes » ( pêche apnée, Vtt descente, conduire sur circuit, ou randonnes) peu de gens pratique ces loisirs il y a toujours beaucoup de préjuges. Pourtant avec le temps j’ai converti la plus part de mon entourage a venir découvrir, sans leurs avoir propose.
Jai juste rejoins des forums groupes ou il y avais d autres passiones prêt a s’investir pour aller conduire sur le circuit du nurburgring ou faire du vtt dans les montagnes en Norvège ect. Et au retour en montrant des vidéo , photos racontant des histoires plusieurs ont voulu tenter, certes pas aussi extrême, mais juste découvrir.
Laisses les venir a toi pour te demander de découvrir ton loisir, ce qui te rends heureux.
Et concernant L’age les gens qui ont les mêmes passions que moi ont souvent entre 5 et 10 ans de plus que moi, mais au final vous parlez le même langage. Comme on dit en anglais: Beggars can’t be choosers
Pour ma part, au fil des rencontres, j’ai assez vite fait le tri entre les gens intéressants et ceux que j’exècre, si tu ne rencontres pas assez de gens pour que le filtrat soit suffisant à ton goût, rencontre plus de monde et augmente la probabilité que tes rencontres te conviennent, fait des activités qui nécessitent de se lever tôt les week-end et tu n’as déjà plus que les gens avec un minimum de volonté ou de passion, choisis parmi celles-ci uniquement celles qui t’intéressent, et tu tombera sur des gens potentiellement intéressant avec qui tu pourrais partager plusieurs centres d’intérêt. Tu perdras bien moins de temps qu’à essayer d’éveiller la curiosité et le goût du beau chez ceux qui ne les ont pas.
Je rejoins la réponse de Stéphane : quel intérêt de vouloir à tout prix convaincre les autres ? Peut-être ressentent-ils la même chose à ton égard, et ne comprennent-ils pas que tu ne partages pas les mêmes centres d’intérêt !
Comme le dit @Lionel, on rencontre nécessairement des gens en phase avec nous si l’on pratique des activités communes. Mais peut-être aussi que pour te faire des amis, tu devrais d’abord accepter que tout le monde n’a pas les mêmes goûts.
Je crois que ce qui peut le mieux convaincre l’entourage, c’est son propre enthousiasme, sa propre conviction que ce que l’on fait/dit/pense est passionnant.
Et si la clé était de devenir un leader ? Après, tout dépend du talent naturel de la personne, si elle se sent cette âme de leader.
Je suis un peu dans le même cas que Pascal, sauf que j’aime les boites de nuit (pour parler aux filles), et je remarque que bien souvent, si on n’arrive pas à fédérer autour de soi, c’est aussi lié à un manque d’aptitude sociale.
Sur le lien entre vérité et amertume, la vérité est douloureuse certes, mais passé la « digestion », n’est pas nécessairement lié à l’amertume, car voir la vérité en face peut justement donner encore plus d’optimisme d’aller au bout de sa volonté. Ya deux choix : soit vivre dans l’amertume, la déception voire la rancoeur, ou vivre en se disant que tôt ou tard le travail que l’on fournit trouvera sa récompense, à condition que l’on ne travaille pas à des choses en dehors de notre caractère, ou sinon là oui c’est déception, tristesse et compagnie, puisqu’on va droit dans le mûr (Schopenhauer). La justice existe, le tout est de ne jamais arrêter le combat (sens métaphorique) pour qu’elle triomphe.
Et puis, souvent, la situation est simple, car on a les solutions sous le nez, sauf qu’elles ne nous arrangent pas parfois, et que par présomption, on prétend telle chose pour le moment inaccessible.
la réponse de Stèphane explique bien le cas, mais n’offre aucune solution pratique. Que doit faire Pascal ? doit-il se forcer à aller à des endroits qu’il n’aime pas juste pour être avec ses amis ?
Honnêtement je suis dans le même cas que lui, les boites, le torchage de gueule et la musique débile.. franchement je ne n’ai jamais percuté ou était le fun la dedans; je préfère de loin les ballades en moto, je ne pense pas que faire cela s’appelle « fuir les gens ». d’ailleurs Pascal écrit pour trouver un moyen d’avoir des amis dans ces activités..
la question reste posée donc.
@Lionel : Camus écrit justement dans Noces : « Il n’est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume. »
Pour le dire autrement, Stéphane nous fait mal car il dit le vrai.
Stéphane, ta réponse me semble tellement pessimiste, ça fait mal. Alors comme ça, on ne pourra jamais convaincre les gens autour de soi, et il faut donc se résigner, sinon à aller dans un bus moisi, se contenter d’une vague présence autour de soi ?
J’ai personnellement toujours eu cette « émotion permanente » dont parle Camus (où l’a tu lu ? Il faut absolument que j’en apprenne davantage là-dessus !), et le temps m’a seulement appris à éviter les gens qui n’en valent pas la peine et à repérer ceux qui ont de la curiosité et de la volonté.
A Pascal, je me permet de faire part de mon expérience: les randonneurs se rencontrent sur les lieux de randonnées, dans les clubs de rando (si tu es à la fac, il y a peut-être des sorties organisées les week-ends, tu verras immédiatement les gens qui se lèvent avant 10h le dimanche pour marcher au soleil :) ! ), tout comme les sportifs se rencontrent sur les lieux de sport et les lecteurs dans les bibliothèques.
J’ai cessé de vouloir convaincre ceux qui n’ont pas d’ouverture d’esprit; efforce-toi de repérer ceux qui cherchent comme toi, ça ira plus vite.
Merci pour cet article. Cela fait écho à des choses que je vis, et je trouve qu’il y a beaucoup de poésie dans cette réponse. Je crois que tout est résumé dans la vidéo.
Stéphane, à ton avis, dans quelle mesure faut-il s’adapter (abandonner les projets qui nous font rêver, mais où on trouve difficilement des personnes pour nous suivre) ou bien perseverer (continuer l’aventure seul) ?
Personnellement, j’ai toujours eu beaucoup de mal à « rentrer dans le moule ». Peut être car quand on me forçait à me conformer, je devenais, « comme les autres », mais « en moins bien ». Grâce à tes enseignements, notamment, quand on veut me faire rentrer dans ce moule, je suis davantage vu « comme les autres » mais « en mieux ».
Plus le temps passe, plus j’ai l’impression que je tire davantage de satisfaction à se conformer, et cela me deçoit. Pour me faire l’avocat du diable, on a beaucoup à gagner à abandonner certain nombre de ses différences, à se vulgariser : le bonheur, et la reconnaissance, deviennent plus faciles à atteindre.
On sait maintenant d’où vient l’idée de la séquence de fin du James Bond, Sky Fall. Merci Stéphane!