Tout vient à point à qui sait attendre, nouvelle fiche de lecture sur Hommes d’Influence, avec L’âme de la femme (1925). Avant de vous énerver et de m’insulter, lisez au moins jusqu’à la ligne suivante : l’auteur est une femme. Et à ce propos : la plupart des chercheurs sur les fondements biologiques de la différence entre les sexes sont des femmes. Parmi elles, les chercheuses en neurosciences Raquel Gur, Melissa Hines, Doreen Kimura, Jerre Levy, Martha McClintock, etc. etc. En sociologie et psychologie évolutionniste : Laura Betzig, Elizabeth Cashdan, Leda Cosmides, Helena Cronin, Mildred Dickeman, Helen Fisher, etc.
Préambule : comment se prépare une fiche de lecture ?
Une fiche de lecture représente, a fortiori pour un essai ou tout ouvrage riche en concept, plusieurs semaines de lecture dialectique précise et annotée par votre sociologue préféré :
Qui parle
Gina Lombroso (née Gina Elena Zefora Lombroso à Pavie le 5 octobre 1872 et décédée à Genève le 27 mars 1944), de son nom d’épouse Gina Lombroso-Ferrero (elle était l’épouse de Guglielmo Ferrero), était une vulgarisatrice scientifique, médecin et écrivaine italienne. Elle est notamment connue pour ses activités d’édition, son militantisme et ses études sur la condition féminine et également le machinisme.
Elle est l’auteure d’une dizaine d’ouvrages dont L’anima della donna (1917-1918), traduit en 1924 sous le titre L’âme de la femme et Le tragedie del progresso meccanico (1930), traduit en 1931 sous le titre La Rançon du machinisme, dans lequel elle voit dans l’industrialisation un symptôme de décadence intellectuelle et morale.
Du même auteur (Gina Lombroso)
- L’âme de la femme, Payot, 1925
- La Femme dans la société actuelle, 1929
- La Rançon du machinisme, 1931
- L’éclosion d’une vie, 1938
- L’Œuvre de Léo Ferrero à travers la critique, 1943
Citations de L’âme de la femme
Sur leurs points forts
« Non seulement la femme a une quantité et une variété d’intuition plus grande que l’homme, mais aussi une quantité et une variété plus grande d’imagination »
« L’homme ne sait jamais que dire, il ne lui est jamais rien arrivé, il n’a jamais rien vu. La raison est qu’en dehors de son travail, l’homme n’a jamais rien observé »
Sur leurs points faibles
« La presque totalité des traducteurs de grec et de latin sont des hommes, parce que pour traduire, il faut joindre à la connaissance générale de la langue de laquelle et en laquelle on traduit, la connaissance technique précise, qui est plus difficile pour la femme »
Leurs singularités
« Les femmes, ne pouvant comprendre qu’à travers le sentiment, ne peuvent comprendre que les autres en aient moins, ou en soient privés »
« La femme est portée à trouver beau ou laid, intéressant ou ennuyeux, ce que les autres trouvent tel, et surtout ces autres qui forment le cercle de son altérocentrisme (NDLR : son barycentre)«
« La femme meurt dans la solitude comme une plante à qui l’eau manque »
« La femme tend à modifier ses instincts dans la direction qu’elle voit la plus appréciée, elle tend à se former un modèle idéal d’elle-même qui corresponde à l’approbation de son entourage, et à l’incarner »
Sur l’amour et l’attraction
« Bien souvent, le dégoût que l’homme éprouve à être le jouet perpétuel de ces flirteuses par amusement l’éloigne pour toujours du mariage, de la femme et de l’amour »
« Les hommes préfèrent les femmes timides, embarrassées, auxquelles ils peuvent faire plaisir à peu de frais, aux femmes décidées, débrouillardes, au tempérament masculin, qui n’ont pas besoin d’eux »
Sur les différences
« Plus la femme est banale et peu émotive et peu différente des autres, plus elle affecte, en présence des hommes, d’originalité et de grande sensibilité, plus elle exagère ses sentiments, ses tendances, ses mouvements de façon à donner à l’homme l’impression d’une énorme singularité »
« L’homme ressent plus vivement que la femme les émotions personnelles qui dépendent exclusivement de lui (…) ; il ressent plus que la femme le plaisir d’un fruit savoureux, d’une découverte faite, d’une vue merveilleuse, d’un tableau bien dessiné (…) ; il ressent moins vivement que la femme les émotions qui viennent d’autrui : la joie de plaire, l’ennui de l’ingratitude, les satisfactions de l’amour propre »
« La femme ressent moins que l’homme les émotions personnelles égocentriques, les plaisirs, les douleurs (le plaisir d’un tableau, d’une découverte), mais elle ressent plus vivement que l’homme la joie d’être aimée, d’avoir quelqu’un à aimer, la douleur de l’ingratitude, elle ressent beaucoup plus vivement que l’homme la joie et les douleurs qui lui viennent des autres et qu’elle peut donner aux autres »
« Confiez une tâche quelconque à des adolescents de l’un et l’autre sexe. Vous remarquerez que les garçons, avant d’agir, réfléchissent longuement pour voir si leur intervention est vraiment nécessaire et, quand ils s’en sont convaincus, cherchent et trouvent la voie plus courte, la moins fatigante. Les filles, au contraire, ne songent même pas qu’elles pourraient se dispenser d’agir, elles ne s’arrêtent pas d’avantage à penser qu’il peut y avoir des voies plus courtes que d’autres pour atteindre le but, elles agissent immédiatement, prennent le premier chemin qui se présente à elles, quelquefois le plus long, le plus incommode, celui qui exigera d’elles les plus grands efforts »
« L’homme, encore que l’on soutienne le contraire, est, en matière d’amour, un joueur loyal (…) Il se laisse prendre facilement aux pièges de la femme, même si ces pièges sont grossiers, d’autant plus que les artifices ne lui déplaisent pas »
Mieux se comprendre
« Trouver un remède radical à ces conflits ne me paraît pas possible, mais je crois que l’éducation doit insister pour rendre manifeste aux hommes les bienfaits de l’activité féminine, et pour faire apercevoir à la femme les origines souvent nobles de l’oisiveté masculine et cela, pour que l’un et l’autre cherchent à modérer leurs jugements sur le sujet »
Concepts de L’âme de la femme
- Si les femmes souffrent, ce n’est pas d’être différentes des hommes, mais que les hommes ne comprennent pas cette différence
- H est d’une simplicité rudimentaire dans le domaine émotif
- Le mauvais goût des hommes est la cause directe de la démoralisation artificielle des femmes
- L’homme évite soigneusement de partager la souffrance d’autrui
- Les 7 défauts les plus communs de l’homme sont
- la grossièreté
- l’absence de générosité
- l’abus de sa force
- l’indolence
- l’inconsistance en amour
- la sensualité
- la passion immodérée pour l’alcool et le tabac
- Les 7 défauts les plus communs de la femme sont
- l’intolérance
- le bavardage
- la véhémence dans la vengeance
- la susceptibilité
- la sentimentalité
- l’amour propre excessif
- la litigiosité
- Nous sommes amenés à aimer par des excitations que la nature a placées en nous et qui, à un moment donné, s’extériorisent en violente sympathie pour telle ou telle personne
- Les femmes se représentent beaucoup plus vivement et rapidement que l’homme les sentiments qui se passent dans l’âme d’autrui
- Les femmes s’entichent des hommes pour qui elles font des sacrifices
- Raisonner, c’est parler avec soi-même (NDLR : faux dialogue)
- L’imagination de la femme l’empêche d’avoir des idées fixes, et par là-même de se suicider
- La femme a deux stratégies de séduction : se montrer utile, ou bien enivrer les sens
- La femme se démontre facilement à elle-même que ses défauts sont des vertus
- La foi du monde moderne dans le raisonnement est aussi absurde que celle du monde d’antan dans la superstition
- L’imagination, c’est la faculté de remonter rapidement et à profusion d’une parole, d’une figure, d’une sensation, d’une idée, à une infinité d’images, d’idées, de combinaisons susceptibles de s’y rattacher, même d’une façon lointaine
- L’intérêt de l’école mixte, c’est rendre les filles moins sentimentales et les garçons moins brutaux
- La femme est supérieure à l’homme par la mémoire et l’intuition
- La femme est raisonnable et logique en amour
- La science de la femme est instable par nature, car elle ne l’a pas apprise logiquement
- Par l’intuition, la femme arrive d’un bond à la conclusion sans passer par les degrés intermédiaires qui y conduisent
Les questions qui fâchent
Et qui ne sont pas abordées
- Si la Femme appréhende le monde par le sentiment, comment se fait-il que ce soit elle qui introduise systématiquement du calcul et de la préméditation dans ses choix amoureux ?
- Si la Femme peine à comprendre que l’Homme ait moins de sentiments, pourquoi n’éprouve t-elle aucune attirance pour un homme qui montre les siens ?
L’avis du sociologue à lunettes
Plus abordable que Sexe et Caractère d’Otto Weiniger, moins aigri (et aussi moins facile à trouver), l’âme de la femme est sans doute LE grand essai de l’entre deux guerres sur la féminité et les rapports hommes-femmes. L’auteur et moi-même sommes parvenus à des conclusions étonnamment similaires, à un siècle de distance. Grande cohérence interne, maîtrise remarquable des enchaînements logiques et grand pragmatisme, nulle surprise que l’ouvrage soit relégué au banc des recherches sur le fondement biologique des différences entre sexes, et jamais mentionné par aucune féministe idiote utile.
Note finale : 8,5/10
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Stéphane
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Réédité aux éditions saint Rémi. 2022
Merci, c’est absolument fascinant.
Cette FEMME était extraordinaire et d’une infinie modernité.
Moi, je mets ❤️❤️❤️
Encore merci…
Et pour tous ceux qui disent des sales trucs sur les filles, c’est juste que vous êtes aveugle et que vous ne savez pas déceler les bonnes des mauvaises, c’est vous qui êtes en cause et pas l’autre…
Cette Jolie Dame nous éclaire bien : C’est ici « Il se laisse prendre facilement aux pièges de la femme, même si ces pièges sont grossiers, d’autant plus que les artifices ne lui déplaisent pas »
Tu y poses deux questions :
Si la Femme appréhende le monde par le sentiment, comment se fait-il que ce soit elle qui introduise systématiquement du calcul et de la préméditation dans ses choix amoureux ?
Si la Femme peine à comprendre que l’Homme ait moins de sentiments, pourquoi n’éprouve t-elle aucune attirance pour un homme qui montre les siens ?
Je voudrais savoir Stéphane ce que tu penses de cette hypothèse :
Est-ce que le sentiment, d’un point de vue féminin, n’est pas un objet que l’on peut détacher de son soi à volonté ? Est-ce que finalement les femmes ne jouent/combinent/ »raisonnent » pas avec leurs propres sentiments comme l’homme raisonne avec des idées/concepts/techniques (qu’il a lui même parfois besoin de « ressentir » pour mieux se les approprier) ? Elles « calculent » dans leur choix amoureux non pas avec des idées mais avec des sentiments. Elles ne comprennent donc pas que les hommes soient autant affectés par leur propres sentiments (les hommes étant dépourvu de ce mécanisme de détachement des sentiments).
Elles sont alors réceptives à percevoir les sentiments des autres comme des hommes qui s’expliquent entre eux une idée/concept/technique. Elles sont capables de les ressentir (// = un homme s’approprie une technique, la fait sienne) mais aussi de les détacher d’elles pour les examiner. Une fois « externalisée » pour être examinée le sentiment ne peut plus être vraiment ressenti à nouveau pareil et perd sa saveur (// = un homme n’aura pas la même joie à répéter sans arrêt la même technique comparativement à lors de son apprentisage/invention, il va utiliser la part de son cerveau paresseux pour cela).
Les hommes ne peuvent pas se détacher facilement d’un sentiment. Il leur faut un temps dingue pour le faire.
Cette hypothèse rend également BEAUCOUP plus facile/supportable la vie d’une femme, puisqu’elles peuvent se détacher des sentiments rapidement.
Cette hypothèse explique aussi pourquoi il leur faut autant de temps pour « accumuler du ressentiment » et partir (comparativement à un homme), vu que sans arrêt elles détachent ces sentiments d’elles même pour les « analyser ».
« Si la Femme peine à comprendre que l’Homme ait moins de sentiments, pourquoi n’éprouve t-elle aucune attirance pour un homme qui montre les siens ? »
Ma réponse : la femme souhaite interpréter par intuition les sentiments de l’Homme et apprécier l’Homme selon sa capacité de retenue; En découvrant par intuition cet amour c’est la connaissance même de l’Homme qu’elle recherche. C’est aussi pour se distinguer de la prostituée : « je ne suis pas celle que vous croyez » :-)) Simone de Beauvoir a écrit la cérémonie des adieux pour la mort de Sartre. Pour la vie et l’amour la femme considérerait volontiers qu’il s’agit d’une cérémonie.
Ça dépend moi je suis sur que les femmes Françaises ont plus de défauts que les autres essayer plutot les femmes de l’Est comme sur PrivetVIP
C’est un point de vue bien limité qu’elle nous offre là. C’est un manque de recul évident et ça l’empêche de voir à quel point tout ce qu’elle dit est biaisée par son propre mode de fonctionnement et de réflexion. C’est encore le cas aujourd’hui, où beaucoup de gens continuent de ne concevoir les choses qu’au travers de leur propre subjectivité sans même réaliser qu’ils sont encore piégés par celle-ci (alors qu’ils sont intimement persuadés de voir de manière assez large).
Tout ce qui est avancé par cette auteure pourrait être bon si elle avait fait un pas de recul supplémentaire. Il ne s’agit ni d’homme, ni de femme mais bien d’un processus cognitif qui ne peut être entièrement corrélé avec le sexe biologique. Tous ses propos sont donc caduques et ne dépeignent pas la réalité avec assez d’objectivité et de recul. Elle n’a fait que perpétuer un point de vue inadapté et sclérosant de notre monde.
Les femmes ne sont pas plus douées que les hommes pour tel ou tel truc, et les hommes pas plus que les femmes pour telle ou telle autre chose. Tout est dans la tête. Vivement que ce monde sorte ses doigts du uk’ et commence à voir les limites aberrantes qu’il s’impose. On vaut tous tellement mieux que ça…
@Nico : si les hommes admirent les gros culs (mauvais goût), alors les femmes y tenderont (démoralisation consentie)
@Elyes : la luxure
Salut Stéphane, petit commentaire:
Dans questions qui fâche et qui ne sont pas abordées la 1 est abordée par l’auteur(e),
la réponse est celle dont tu as attribué le n 18. « La femme est raisonnable et logique en amour ».
Ce qui je pense est à relativiser, à nuancer de nos jours, pour certaines femmes qui ont acquis par elles-mêmes leur aisance matérielle, l’amour n’est plus raisonnable et logique.
cf: les « arnaques » à l’amour qu’elles subissent.
Qu’est-ce que c’est la démoralisation artificielle ?
Merci pour ces fiches de lecture ! et pour le boulot qu’il y a derrière, trouver les bons bouquins…
Ca commence fort !
@Stéphane
6ème défaut de l’homme : « la sensualité ». C’est-à-dire ?