Va te faire en… toiler, par Romain



J’entends beaucoup parler d’élégance dans le coin, de belles coupes et de beaux tissus. Mais jamais de fabrication, de technique et d’artisanat du vêtement (« entoilage anyone » ?). Pour la faire grosse, pas grand monde ne connaît la base d’un vêtement. On prendra la veste, l’emblème d’une tenue qui fera de nous quelqu’un d’élégant. En partie bien sûr. Je rentrerai dans le gros mais aussi voire surtout dans les détails qui différencieront un beau vêtement d’un très beau vêtement.

Les dessous de la veste

Le tissu : laine vierge

C’est le principal.

Prenons une laine vierge, ce que vous trouverez majoritairement. La qualité d’une laine ne se détermine pas à son calibre, contrairement à ce qu’on en pense. Le calibre d’une laine ne définit que sa finesse (on commence à 80’s, pour aller au plus courant 100-160, et au plus fin (et long) 200, voire 220 Plus le chiffre est haut, plus la laine est fine).

Ce qui définit la qualité d’une laine est principalement la longueur de la fibre et sa résistance.Vous pouvez trouver des 120’s tout à fait crasseux chez H&M. Généralement les meilleurs drapiers (Loro Piana, Holland&Sherry, Dormeuil chez nous) ont des laines d’excellente qualité sur lesquelles vous ne pourrez faire aucune reproche. Les armatures principales de tissu (sergé, satin, drap etc.) n’influent en rien sur la solidité de la veste.

Passons ensuite à l’autre partie primordiale de votre veste : l’entoilage

L’entoilage

Lors de la fabrication d’une veste, il y a une étape primordiale, l’entoilage donc, qui consiste a mettre une couche de laine épaisse entre la doublure et le lainage de la veste afin de donner à celle ci du corps, de la tenue, et surtout, de la longévité, bref, c’est l’armature, le squelette de la veste. Il y en a sur l’épaule, le long du col, et sur le plastron. En ce qu’on appelle entoilage traditionnel, celui que vous aurez en petite et grande mesure, cette étape, en plus d’être réalisée à la main, est faite sans colle, mais au point de couture. Plusieurs couches sont cousues, pour créer le plastron sur la poitrine, sur les poches, et sur les épaules.

Pour visu, ça donne ceci:

Voici une coupe d’une veste en thermocollé, c’est à dire le plus courant dans le commerce, puisque le traditionnel est une étape délicate, et surtout très longue (pour ne pas dire chère) avec en zone grisée là où la colle est déposée. Cette fine résille, souvent synthétique, est enduite de résines qui fondent sous l’effet d’une presse chauffante (ou d’un fer à repasser) pour adhérer au lainage. C’est une méthode rapide, mais qui ne résiste guère au temps, la toile se décollant à la suite des différents lavages et de la transpiration, qui font se crêper le tissu (et pas le chignon).

Il y a 3 types d’entoilage en tout, nous venons d’en voir 2, le traditionnel (100% « naturel »), le thermocollé, et ensuite, le semi traditionnel, c’est à dire le mélange des deux. On va créer un plastron flottant, comme sur le traditionnel, mais la toile de corps va être solidarisée à la résine. C’est le meilleur compromis, qu’on peut trouver à juste prix (selon les tissus bien sûr) dans les environs de 1000-1200€.

Vous connaissez les coutures, plus il y en a au centimètre, plus la solidarisation est solide. Là où l’affaire se corse, c’est quand il faut coudre le bas de la doublure au bas de la veste. C’est le premier point faible d’une veste. Vous y verrez souvent des coutures en triangles doublées.On pourrait penser ceci non solide, comparé à la couture quasi indéchirable d’une veste H&M bidon (qui ne craquera pas en effet) mais en fait, cette couture à l’apparence frêle, en plus d’être solide et un avantage dans le sens où elle permet au retoucheur/tailleur de pouvoir pénétrer à l’intérieur de la veste pour vous faire un cintrage par exemple, opération impossible ou extrêmement longue sur une veste de basse qualité.

La doublure : préférez la viscose

Contrairement à son nom qui paraît super chimique, la viscose est un traitement du bambou. Bon, le procédé n’est pas très naturel et l’éco-nazi en vous aura raison de froncer le sourcil, mais sa douceur et sa légereté vous enchanteront. Evitez les doublure en soie, à moins que vous ne vouliez souffrir le martyr l’été, et même le printemps. De plus, la soie ne vous apportera aucun avantage puisqu’en doublure, elle reste assez fragile, comparée au cupro (cellulose dissous dans de l’ammoniaque) très soyeux et beaucoup plus résistant. A noter la transpiration également, qui a tendance à ronger les fibres.

Le second point faible d’une veste, c’est le boutonnage principal, donc le seul bouton que vous devez utiliser. Le boutonnage et l’arrimage du point est en général assez faible. Quand vous achetez, demandez toujours un renforcement. Il finira par craquer un à moment ou à un autre, c’est ainsi, donc prenez les devants quand vous voyez un signe de faiblesse.

L’entretien d’une belle veste

  • Jamais d’eau, sauf sur une petite tache. Si vous le faites, laissez sécher dehors à l’air libre.
  • Si vous avez transpiré la journée: Mettez deux embauchoirs au niveau des aisselles, et même traitement, laissez dehors toute la journée ou la nuit (d’été) Faites régulièrement prendre l’air à vos vestes.
  • En ce qui concerne le pressing, un costume, mais plus particulièrement la veste, n’y allez que deux voire maximum trois fois par an (oui oui).
  • Le lavage à sec est une méthode très agressive, et l’amidon brûle la fibre également. Bref, seulement si vous avez une grosse tâche, ou après l’été, si comme moi vous avec le patrimoine génétique « transpirationnel » d’un obèse.
  • Repassez là. Le mieux reste la steam (centrale vapeur), c’est à dire un fer à repasser qui dégage beaucoup de vapeur. Vous n’avez ensuite qu’à étirer la veste dans les sens des plis pour qu’ils disparaissent.

Je ferai le même genre d’article sur les autres pièces, comme les pantalons ou les chemises (le prochain à suivre). Si vous avez des questions ou des commentaires n’hésitez pas. Je n’ai pas la critique mauvaise.

Romain

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Ps : au premier qui devine le tableau dont est inspiré le shooting photo de l’entête. Réponse en commentaire ci-dessous


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10 commentaires

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  • Arkie, je n’avais pas de lien à mettre, j’ai trouvé l’image sur un autre site et elle n’était pas créditée.
    Ayant donc récemment découvert Stiff Collar, qui n’est autre que Julien Scavini, je vous invite tous à lire son blog, et à aller faire un tour dans son atelier, chose que je vais aller faire sous peu, car son travail est vraiment excellent en terme de coupe et de bon goût.

  • Rose, je crois que je vais y aller tout seul, c’est TOI qui me portes la poisse :)

    Xavier, ok d’accord, mais ça ne remplace pas le toucher d’un beau cachemire bien monté (sur des épaules j’entends)
    Orgasme garanti.

  • Hello,

    article intéressant, mais lorsque tu « empruntes » des images sur le net, il serait sympa d’en indiquer la provenance : http://stiffcollar.wordpress.com/2010/10/04/916/

    surtout vu la qualité du travail du tailleur dont les images viennent…

    ça fait partie de la « Netiquette », ne pas l’oublier

    salutations.

    A.

  • Le tableau qui a inspiré la photo, Nighthawks de Edward Hopper.

    En guise de cadeau je réclame que tu ne me portes pas la poisse, lorsqu’on va voir une expo :)