Choisir ses lunettes like a boss ? C’est possible. Lis ça.
Nous nous souvenons, nous les binoclards, du jour où la nouvelle est tombée. Notre mère nous a regardé droit dans les yeux alors que les siens nous apparaissaient déjà tout flous ; heureusement d’ailleurs car c’est ce qui nous a empêché d’y lire tout le désespoir qu’elle tentait d’y retenir.
«A partir de la semaine prochaine tu vas devoir porter des lunettes pour aller à l’école, mais ne t’inquiète pas il y a plein d’autres petits garçons comme toi et c’est très mignon. Les gens les plus beaux sont ceux qui portaient des lunettes quand ils étaient enfants» .
C’était la première fois que votre mère vous a menti. Il y en a eu d’autres depuis, mais la première a toujours ce goût particulier décrit par P. Delerm dans La première gorgée de bière.
C’était bien avant que nous n’apprenions l’existence du relooking homme, de Hommes d’Influence ou de quoi que ce soit d’autre du même genre. Nous voilà parti chez l’opticien – celui adoubé par la mutuelle, il va de soi -, par un samedi d’été écrasé de soleil, pour une après-midi en enfer et dont l’issue est systématiquement une paire plus chère que prévu.
La raison de cet effort financier en forme de cadeau inattendu ? les branches ont été traitées au silice de titanium pour mesurer moins d’un micromètre et s’avèrent ainsi invisibles sur votre visage, vous laissant ainsi flanqué de deux gros verres blancs façon cul de bouteille qui semblent flotter en apesanteur des deux côté de votre nez et vous donne, pour peu que vous ayez les cheveux courts, l’air élégant de François Hollande avant son régime.
Et dès le lundi matin, à l’école, c’est Olivier Rolin, sur le front duquel il semble être écrit qu’il lui faudra décrocher un sacré métier pour perdre un jour sa virginité, qui vous complimente sur vos nouvelles lunettes qui s’avèrent, à la mutuelle près, être les mêmes que les siennes.
La vie est ainsi faite, En abdiquant sur le choix de vos lunettes, vous abdiquez également sur l’hypothèse d’une future vie sexuelle épanouie, voire sur une vie sexuelle tout court. D’où l’importance de prendre ces choses en main, pour ne pas être condamné à en prendre d’autres : comment choisir ses lunettes de vue sans se laisser manipuler par son opticien.
Choisir ses lunettes de vue comme un homme
Le choix de l’opticien
Il faut prendre les choses à la base. Si vous vous rendez chez Grand optical ou chez Afflelou parce que c’est moins cher et qu’ils vous font 15 montures pour le prix d’une, vous aurez simplement l’air d’un type radin (et qui porte des lunettes moches). Vous n’iriez pas acheter la bague de mariage de votre future femme au tourniquet de l’or du centre Leclerc ? Alors on ne va pas choisir ses lunettes juste en face. Il n’y a pas d’exception à cette règle. Et si c’est trop cher, ou que votre mutuelle vous condamne à avoir la tête de François Hollande, changez de boulot.
Qu’est-ce qu’un bon opticien ?
De même qu’une boite de nuit n’est pas «meilleure» parce qu’elle a 5 étages (et si vous n’en étiez pas convaincu, allez visiter le Métropolis), un opticien n’est pas meilleur parce qu’il a 18.000 modèles en stock. Je préfère une centaine de modèles stylés à 18.000 occasions de finir une tête de flanc.
Alors, qu’est-ce qu’un bon opticien ?
Une fois de plus (je dis «une fois de plus» pour ceux qui me lisent régulièrement, car mon petit doigt me dit que cet article va en attirer des nouveaux), une fois de plus disais-je, mettez à profit votre jugement et votre sens de l’observation. Le but de cette optique étant de vous rendre beau, les gens qui la peuplent sont-ils beaux eux-mêmes ? Le tenancier a t-il un minimum de raffinement, s’habille t-il avec goût, la présentation des produits eux-mêmes fait-elle l’objet d’un soin particulier ou bien a t-il déballé cartons de lunettes comme on déballe des boeufs dans la chambre froide, avant de les pendre à des crocs de boucher ? Quid de l’éclairage ? Quid de la musique ? S’il diffuse NRJ ou Radio-Fg sur une mini-chaîne Aiwa dans un bain de lumière blanche en provenance de néons blancs, qu’en déduire sur l’intérêt qu’il porte au beau, et donc sur vos chances de le devenir grâce à lui ? Faibles, dirons-nous.
Mais s’il n’y a rien dans ma ville pour faire l’affaire ?
Alors prenez un billet de train et allez faire un tour dans une ville plus grande. Vous allez porter ce bout de métal et de plastique sur le nez tous les jours pendant des années. L’investissement ne vaut-il pas un billet de train en seconde, c’est à dire quelques dizaines d’€, pour aller jusqu’à la grande ville voisine ? Si vous pensez que non, alors effectivement je ne peux plus rien faire pour vous.
Bref, on n’a rien sans rien. Même pour quelque chose d’aussi anecdotique que choisir ses lunettes.
Pour aller choisir ses lunettes, d’abord se choisir un bon wingman
Je hais pas le jargon anglo-saxon de la séduction, mais avouez qu’en l’occurrence il est parfait. A défaut d’avoir l’oeil d’un expert objectif à vos côtés (l’opticien est certes un expert, si vous voulez, mais il voit surtout ce qu’il vous vend à travers le prisme du tableau des marges qu’il connaît par coeur : vendre telle marque lui rapporte plus que telle autre, à la fois directement ($) et indirectement (avantages divers pour lui et ses employés tels lunettes gratuites, cocktails, invitations à des vernissages voir à des vacances pour les grandes marques type Diesel).
Bref, à défaut d’avoir un expert objectif et désintéressé à vos côtés (ce qui à mon avis est une erreur, mais bon), enrôlez un ami dont vous aurez confiance dans le goût. Et prenez un homme. Comme de toutes façons vous serez perclu d’hésitations, autant ne pas rabaisser votre coefficient de virilité à zéro en le faisant devant une femme.
Tentez d’appliquer au choix du wingman les critères exposés ci-dessus dans le cadre du choix de l’opticien. Si rien ne colle, dans tous les cas, surtout pas votre mère. Elle fait certainement très bien le gratin de courgettes, mais à moins de vouloir vous tartiner un tête gratinée, ce n’est pas là qu’il faut la solliciter. Demandez à la personne de votre entourage qui a le plus de goût.
Et maintentant ?
Briefez-là, cette personne ! L’avis d’un tiers n’a d’intérêt que si vous avez verbalisé explicitement ce que vous attendez de lui. A minima, dites-lui ce qui vous lasse dans vos anciennes lunettes et à quoi vous voulez ressembler avec les prochaines. C’est votre copilote, dites-lui au moins où vous voulez aller, sinon vous êtes à peu près sûr de ne jamais y arriver.
Le choix de la monture
Le nerf de la guerre. Comme d’habitude avec les choix esthétiques, on ne pourra pas tout écrire, puisque in fine c’est au jugement et au goût du décideur que se fait le résultat, mais allons au moins nous rapprocher des limites de l’écrit en raisonnant logiquement.
Choisir ses lunettes : la taille du visage avant tout
Souvenez-vous de vos cours de sciences-nat, tous les hommes n’ont pas la même forme de crâne. Donc pas le même tour de tête, ni la même taille de visage. Une monture se choisit d’abord à la taille d’un visage (avant la forme). Grand visage = grande monture, petit visage = petite monture.
Vue ou solaires ?
La règle ci-dessus reste la même, cependant vous choisirez toujours une monture solaire sera plus grande que son homologue pour la vue. De combien ? De 20 à 25%. Je ne parle bien évidemment pas de l’épaisseur de la monture, mais de la superficie des verres.
Superficie de verres solaires = 1,2 ou 1,3 x superficie des verres de vue
Quelle est la bonne taille d’une monture de lunettes ?
Une monture trop petite est une monture qui vous enserre les tempes. Pas assez fort pour que vous le remarquiez tout de suite, mais bien assez pour vous coller dès la mi-journée un mal de crâne dont vous vous demanderez d’où il peut bien provenir.
La branche d’une monture à la bonne taille n’est jamais collée à la tempe (même quand vous avez la grosse tête), mais espacée d’une marge que l’expérience vous permettra de déceler.
- Trop peu, c’est le Dafalgan qui vous attend,
- Trop, et vous allez ressembler aux frères Bogdanov
Quelle forme doit avoir votre monture ?
Aaah, la grande question. Là plus encore qu’auparavant, tout est question d’expérience et de jugement. Quelqu’un de compétent (opticien, relookeur) le verra au premier coup d’oeil. Ou au deuxième. En tous cas il ne lui en faudra pas 36. Pourquoi ? Rappelons cette vérité éternelle, formalisée par David Hume dans son analyse des critères de goût :
Si la vérité artistique est affaire d’opinion, certaines opinions ont plus de poids que d’autres, parce que leurs tenants ont une plus grande expérience des œuvres et des genres en question, ce qui leur permet de faire des discriminations plus subtiles et aisées à justifier. Ils sont plus au fait des conventions qui ont présidé à la réalisation des œuvres, parce qu’ils suivent de plus près ce qui se passe dans le domaine considéré
Voici néanmoins quelques généralités qui pourront vous aiguiller
La forme pilote (vulgairement appelée «des Ray-ban» même lorsque ce n’en sont pas). Une légende venue d’on ne sait où (rectificatif : des publicitaires Ray-ban) en fait le couteau suisse de la lunette, la forme universelle pour tous les visages du monde. C’est aussi faux que de prétendre que le noir habille toutes les peaux. La pilote est faite pour les grands visages, au nez rectiligne et à la mâchoire bien dessinée. Mettez une pilote sur un visage «tout en nez», avec une mâchoire effacée, et vous avez fait un clown. J’ai vu le résultat sur une amie sans rien oser lui dire, c’était une longue après-midi de gêne.
La forme ronde
Les années 70 sont terminées.
La forme ovale
La signature oakley des années 90, l’ovale incurvé qui suit le galbe du visage, vous conférant ainsi l’ait élégant d’un moniteur de ski perdu en pleine ville.
La lunette galbée est faite pour faire du s-p-o-r-t. Comme un survêtement, un vélo ou un anorak. Les conseils que je vous donne aujourd’hui ne concernent pas une monture prévue pour la pratique sportive (hypothèse dans laquelle vous prendrez ce que vous voudrez de toutes manières) mais une monture dite « de ville », quand bien même la porteriez-vous à la campagne. Bon, pas en pleine forêt non plus hein, on s’est compris.
Bref, il y a beaucoup d’occasions d’apprécier les beaux galbes, mais la lunette n’en fait pas partie.
Il reste une infinité de possibilités pour choisir ses lunettes, d’inspiration souvent moins contemporaine qu’on y pensait en rentrant dans la boutique. De la rectangulaire aux coins adoucis façon série-des-Ocean-11-12-13 à l’arrondi façon Steve Mc Queen en passant par une infinité de déclinaisons dont il est rigoureusement impossible de décider laquelle vous irait le mieux sans vous avoir devant les yeux.
Et la couleur ?
Elle ne dépend pas tant de la couleur de vos vêtements (vous ne vous habillez pas tous les jours pareil, si ?) que de celle de vos cheveux, de votre peau et de vos yeux.
- Les châtains à peau pâle, par pitié évitez le noir, ça vous donne un air blafard que vous ne semblez pas imaginer. Couleurs chaudes. Chaudes.
- Les bruns à peau mate, vous pouvez. Ou du moins vous pouvez essayer
- Tous les autres : il y a un million de possibilités que l’écrit ne me permet pas d’énumérer. Essayez
- Dans tous les cas, jamais de monture plus claire que votre peau. C’est ridicule.
- Attention cependant car la couleur influence la perception de la forme. C’est comme sur une voiture occasion. Le mat gomme les courbes, le brillant les accentue. Le sombre virilise une forme un peu arrondie. Le clair adoucit une forme un peu obtue.
- Pire : la couleur du verre (et son dégradé le cas échéant) influe sur la perception de la monture. En règle générale (soumise à exceptions), le verre doit être au moins un peu plus clair que la monture. Un bon opticien, s’il les a en stock, doit vous offrir la possibilité de comparer différentes teintes de verres sur une même monture. Son fournisseur, lui, le prévoit.
Et les lentilles alors ?
Bon, là, c’est plus simple.
- Le type de lentilles est choisir par votre opticien, vous vous laissez faire car lui seul sait la taille de votre cornée, l’épaisseur de vos larmes, etc.
- Puis vous sondez sa gamme de tarifs, en vous souvenant qu’il essaiera toujours de vous vendre la nouveauté, plus chère, sous prétexte de confort et de santé. Ne soyez pas dupes les enfants, hein ?
Conclusion
J’ai bien conscience qu’il ne suffit pas d’imprimer cet article sur quelques feuilles A4 et de les glisser dans sa poche pour aller de ce pas et sans l’ombre d’une hésitation choisir ses lunettes de rêve sur l’étal de l’opticien.
J’ai essayé de faire passer dans cet article un certain nombre de messages qui étaient absents de tous les autres que j’ai pu lire sur le sujet. Si cette (mince) ambition est au moins un peu couronnée de succès, alors je considère que l’objectif est atteint.
Il est illusoire de penser devenir un expert de quoi que ce soit en lisant une poignée d’articles sur internet. Si vous voulez qu’un expert se charge de choisir la meilleure paire de lunettes pour vous, demandez-nous.
Stéphane
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@Alexandre : oui, on l’a déjà fait très souvent. Cela s’appelle des verres blancs.
Bonjour,
Est ce que des lunettes avec des faux verres peuvent être envisagées dans le cadre d’un relooking ? Notamment pour habiller un regard, gommer un défaut ( nez cassé… )
« En abdiquant sur le choix de vos lunettes, vous abdiquez également sur l’hypothèse d’une future vie sexuelle épanouie ».
C’est rigolo, on dirait un extrait de Bouvard et Pécuchet. Heureusement que cette formule ne convaincra que certains geeks branchés dont la vision du monde ne dépasse pas le cadre étroit de leur écran d’ordinateur…
Bonjour Stéphane,
Personnellement, je l’ai trouvé drôle et plein de bons conseils ton article! Je tombe dessus un an après sa publication, mieux vaut tard que jamais… Et tu as raison, le co-pilote ne peut être un fille! :)
Bien à toi,
Anne-Sophie
bonjour je suis opticien,
Je trouve la tournure de l’article interessante et pas mal de conseil en effet sur le choix des lunettes efin, (tout bon commentaire doit comporter un efin ou un mais…) en réalité il devrait s’intituler comment choisir sa monture comme un homme car le choix des lunettes c’est beaucoup plus compliqué surtout lorsqu’on parle de verres ou de traitements!
j’ai fait un E-book guide d’achat pour aider les porteurs de lunettes a s’y retrouver et a dénicher l’équipement le mieux adapter et au meilleur prix
Vous pouvez ous le procurer sur
[J ESSAIE DE GLISSER MA PUB EN DOUCE .COM]
bonne lecture!
Sympa cet article
Bonjour,
Je trouve votre article fin, un peu ironique certes, mais avec des conseils intéressants. Il n’est malheureusement lisible que par des personnes qui comprennent la lecture à multiples niveaux. C’est vrai que vous êtes dur avec les lunettes de François Hollande. si vous aviez critiqué ses caleçons, vous auriez eu une levée de slips et boxers des fripiers du Sentier sans doute.
Cordialement.
stephane
Desole pour vous je suis juste distributeur de lunette comme vous pouvez le constatez avec mon adresse email.
Il suffit juste d être dans la profession pour le savoir qui est l optique de l odeon est l opticien de François hollande.
Cordialement
Ce que j’aime bien, c’est la finesse avec laquelle vous faites votre publicité « masquée ». Non non, on ne devine pas du tout que c’est vous, rassurez-vous !
Allez, je vais vous aider un peu : chers (é)lecteurs, si vous voulez ressembler à François Hollande, si vous le trouvez beau, allez chez Optique de l’Odéon, comme ça ils arrêteront de remplir mes commentaires de fausses critiques à la con
les lunettes de francois hollande ont ete conseillers et réalisées par l optique de l odéon qui est son opticien depuis de nombreuses années.
c est un opticien célèbre qui a su attirer de nombreuses personnalité dans son magasin.
c est un opticien qui est reconnu pour son mérite et son travail depuis plus de 30 ans.
Désolé de vous corriger, mais M. Hollande n’a pas « plein de conseillers », en tout cas en matière de lunettes! Il les fait chez nous depuis 2008, et pour l’auteur de l’article, peu de mutuelles « condamnent » (leurs adhérents) à avoir la tête de françois Hollande »
N’importe quoi. Critiqué la tronche à Hollande alors que ce dernier à plein de conseillers qui l’ont relooké. Vous êtes qui vous, déjà ?